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samedi 24 avril 2010

TRAHISONS de PINTER Harold, 1978. Une pièce sur l'inéluctable épuisement des sentiments amoureux (et amicaux).

Théâtre "Les Déchargeurs", samedi 24 avril, avec Julien. 16 euros.

Résumé de l’histoire : Emma et Jerry, sont deux amants qui se retrouvent après leur séparation deux ans auparavant. Ensemble, ils ont eu une liaison qui a duré 7 ans. Jerry est le meilleur ami Robert, le mari d’Emma. La pièce commence avec ces retrouvailles pour se terminer par le début de cette liaison.

Critique pièce : Tout l’intérêt de la pièce ne réside pas dans son histoire (très banale), mais sa chronologie inverse qui met en évidence quelque chose de très tristement humain dans les relations humaines : les débuts sont toujours merveilleux (les amants s’aiment à la folie) et les fins pathétiques (ils n’ont plus rien à se dire). Ce qui est original, c’est que ce n’est pas le couple marié qui est visé, mais le couple d’amants.
Quant à l’écriture, il aurait fallu lire la pièce en version originale pour dire quelque chose de vraiment pertinent, la version traduite donne des dialogues sobres, parfois cyniques et drôles.

Critique jeu des acteurs : J’ai trouvé le parti pris de la justesse et de la sobriété sans aucun mélodrame un choix parfait pour cette pièce.
Julien (mon pote) a lui regretté un « manque de générosité » de la part des comédiens.
Moi je crois que tout était très bien ainsi : ce n’est pas la pièce du siècle parce que ça ne dit et ça ne montre que des choses déjà vues ; c’est une pièce simple ; une pièce réaliste, qui par sa sobriété n’en est que plus triste encore puisque nous rappelle la précarité des sentiments amoureux, mais aussi la précarité des sentiments amicaux (Jerry-Robert) et le manque de confiance que l’on peut avoir en l’avenir à partir du moment où l’on aime quelqu’un, aussi forts soient nos sentiments, au début.

Une pièce aussi sur l’absurde d’une liaison extra-conjugale qui dure aussi longtemps, sans autre cadre qu’un appartement privé des après-midis : un espace-temps bien limité, contraint par l'impossibilité de s’exposer publiquement à l’extérieur, les deux amants ayant chacun une famille établie.

Une pièce aussi qui montre quelque chose que quelques femmes auront bien connu au moins une fois dans leur vie : l’homme qui vient séduire en premier la femme de façon empressée et passionnée à coups de déclarations enflammées et se lasse pourtant aussi en premier, ne sachant plus quoi dire à la femme, qui elle-même si elle est dans le même constat, le subit plus qu’elle ne le vit. La maîtresse doit sans doute lasser autant que l’épouse, au bout d’un moment…
Ce qui est bien, c’est que cette partie n’est pas montrée (celle où forcément la maîtresse ressemble de façon lassante à l’épouse), elle est inutile parce qu’on peut la deviner.

On a beaucoup commenté un autre aspect de la pièce mais vous le dire serait révéler un des éléments comiques (et cyniques), donc je ne le commenterai pas.

Conclusion : qui est le plus grand traître de l'histoire ? Le meilleur ami ? L'épouse ? Le mari ? Ou tout simplement LE TEMPS ?

La pièce est courte : 1h15, donc parfaite.