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lundi 20 septembre 2010

« Va, vis et deviens », 2005 Radu Mihaileanu (FR/IS).


****Très bon film/Excellent

Le début, qui fait un peu docu réaliste, ne donne pas très envie quand on n’est pas d’humeur à affronter la misère du monde. Mais la « fiction » prend vite la suite et bientôt nous suivons le parcours existentiel de…Schlomo (surnom de Salomon) (on en oublie son nom d’origine, l’a-t-on jamais su ?) à partir de son départ d’un camp de réfugiés éthiopien au Soudan où sa mère le confie à une autre femme afin qu’il soit sauvé, jusqu’à son arrivée en Israël. Les derniers mots de sa mère sont : « Va, vis, deviens », d’où le titre du film.
La plupart de ces réfugiés ne sont pas vraiment juifs (certains le sont sans doute, là n’est pas la question) mais vont se faire passer pour tels afin de pouvoir survivre n’importe où ailleurs que sur leurs terres arides. Et c’est là tout le drame. Israël les accueille à bras ouverts sous couvert de leur descendance du Roi Salomon (juif) et de la reine de Saba (noire éthiopienne) et de la défense qu’ils ont faite de la Torah. Cette action, appelée « Opération Moïse » en 1994, va sauver de nombreuses vies. Mais le pays d’adoption se rend compte de plus en plus rapidement de la duperie et se retournera contre eux violemment.
Ainsi la vie de Schlomo dans ce pays va être une longue torture identitaire, balloté entre le devoir de mémoire de ses origines réelles (le lourd secret qu’il doit porter en lui : il n’est pas juif, il a menti depuis le début) et son assimilation progressive, affective et effective à Israël.
Parti trop jeune (neuf ans), il se demande sans cesse pourquoi sa mère lui a interdit de revenir dans son pays et culpabilise de la mort de son frère aîné. Sa force : son intelligence, sa capacité personnelle à assimiler une culture nouvelle rapidement, et sa famille d’adoption israélienne de gauche, profondément humaniste et aimante, sans qui il n’aurait rien réussi.
C’est son intégration au sein de cette famille qui est montré, l’amour de la mère adoptive très fort pour lui ainsi que celui de sa sœur et celui de son père, à sa façon ; c’est son intégration au sein de ce pays qui s’effectue finalement de la façon la plus belle qui soit : l’amour avec une jeune juive folle de lui depuis leurs treize ans. Mais aussi toutes ses difficultés : le frère de la famille qui souffre de jalousie par rapport à l’attention supplémentaire que lui porte sa mère, son propre père adoptif qui n’a pas beaucoup de points communs avec lui ; le père de Sarah, la jeune fille amoureuse de lui, qui est raciste.
Tout le chemin identitaire qu’il éprouve passe par l’affectif et l’école.
Ce film, au-delà de son contexte historique dramatique précis, parlera à tous les déracinés de la terre, les jeunes exilés.
Phrases magnifiques du film, du Papy :
« Il n’y a pas d’amour sans risques, mais il est difficile de décider pour les autres comment ils doivent aimer ».