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mardi 28 décembre 2010

Gauguin exhibition, Maker of Myth, Tate Modern, 28/12/2010.


****Excellent.
Ne jamais aller à une expo sans avoir vraiment mangé avant. Je le sais très bien, mais le problème c’était que j’étais déjà trop à la bourre et impossible de trouver un café sur mon chemin. Celui de la Tate est hors de prix. Bref, j’ai commencé l’expo vers 13h30 et elle prend bien trois heures.

Gauguin exhibition, Maker of Myth, Tate Modern, 28/12/2010.
1848-1903.
Au début, c’était un peintre impressionniste. Ensuite il a choisi  un langage visuel radicalement plus simple dont il a ôté les détails superflus afin d’explorer des idées complexes et construire un sens poétique.
Ses sources sont littéraires et visuelles, mais aussi issues d’autres formes non-occidentales, des mythes, de l’anthropologie, de la Bible et d’autres croyances.
 Il n’a pas voyagé tant que cela, c’est un mythe construit par lui-même.
Egalement écrivain et journaliste, il a quand même fait sa vie à Paris, en Martinique, en Bretagne, à Tahiti et aux Iles Marquises.

Room 1 : Identity and Self-Mythology
Cette salle constituée d’autoportraits a pour but de nous faire comprendre que Gauguin aimait se montrer comme un peintre aventurier et voyageur.
Par exemple, il met un tableau (de lui-même) en mise en abyme derrière lui qui représente une Polynésienne nue et met en valeur ses habits d’aventurier également.
Le tableau en question est « Manao Tupapau » (The Spirit of the dead ? Watch) qui représente une très jeune Polynésienne nue couchée sur le ventre et regardant en arrière vers le Peintre.
Le fond violet fait ressortir la couleur brune de la peau de la jeune fille et rend harmonieux le tableau.

C’est un tableau érotique qui est choquant à l’époque, d’autant plus que le modèle semble très jeune : mais que dit-on d’autre à propos des films de Larry Clark ? (cf. Ken Park : l’héroïne adolescente du film a une beauté toute polynésienne aussi).
Son dernier autoportrait date de 1903, année de sa mort aux Iles Marquises.

Room 2 : Making the familiar strange
Le but de cette salle est de nous faire comprendre que chaque objet de la vie quotidienne, sous son apparente simplicité, peut être source de symbole imaginaire.
Exemples :
- « Clovis Asleep » : représente son fils dormant sur une table en s’agrippant à une « carved Norwegian tankard » : une chope norvégienne sculptée magnifique en bois. Ce tableau met en valeur l’objet, qui fait indéniablement rêver, ce que fait sans doute le petit garçon en dormant. Cet objet est exposé au Musée, c’était un bien familial et il est en effet magnifique, mais on ne peut pas dire qu’il est un objet familier : parce qu’il est une chope, oui, mais il est  dépaysant par son côté viking.


- « Still Life with three puppies » : c’est vrai que tableau qui représente trois chiens buvant de l’eau devant lesquels se trouvent trois verres devant lesquels se trouvent trois ronds est énigmatique et narratif, style « conte ». Mais aucune réponse ne sera donnée. Cela donne très envie de faire des tableaux du même genre. L’influence serait de Matisse, moi ça m’a fait penser à Dali.

- « The Ham » : exemple le moins convaincant, c’est une nature morte de jambon cru sur un plateau et certains disent que ce morceau de jambon, tel qu’il est représenté, fait penser à la tête décapitée de Jean-Baptiste pour Salomé ! Quelle imagination ! En ce cas, on pourrait émettre cette hypothèse pour tous les morceaux de viande présentés au milieu d’un plat en argent, non ? Et des morceaux de viande comme ça, il y en a des tas… (cf. Goya).
* Meijer de Haan, hommes d’affaires néerlandais juif devenu peintre, élève de Gauguin et ami, colocataire en Bretagne, c’est son alter ego.

Room 3 : Life and Times (1848-1891)
Salle qui présente la vie de Gauguin et ses influences.
Gauguin a vécu ou voyagé en France à Paris (où il est né) ; Orléans (où il a suivi une partie de scolarité à son retour du Pérou) ; Pontoise (où il a appris et peint avec Camille Pissaro) ; Bretagne (Concarneau ; Pont-Aven (où il a vécu et peint longtemps avec ses potes) ; le Pouldu (dont les paysages sont représentés dans plusieurs tableaux) ;  Dieppe ; Rouen (où il a installé sa famille après l’abandon de son travail de courtier en bourse à Paris) ; Arles (où il va voir son pote Vincent Van Gogh) et Marseille.

BIOGRAPHIE
1848 : Il est né le 7 juin 1948 à Paris.
1949 : La famille de Gauguin (républicaine) après la révolution de 1948 s’exile politiquement au Pérou. Le père de Gauguin meurt durant le transit. Il n’a donc jamais connu son vrai père.
1954 : Cinq ans après, Gauguin et sa famille rentrent en France. Il suit sa scolarité à Paris et Orléans.
1867 : Sa mère meurt (il a 19 ans). Le riche financier et collectionneur d’Art, Gustave Arosa devient son tuteur.
1872 : Arosa lui trouve un emploi de courtier en bourse et le présente à une jeune Danoise, Mette Gad (il a 24 ans).
 1873 : Mariage avec Mette Gad (il a 25 ans). Ils auront cinq enfants : Emile (1874) ; Aline (1877) ; Clovis (1879) ; Jean-René (1881) et Paul Rollon (Pola) (1883). Au vu de l’exposition, ce sont Aline et Clovis qui sont ses préférés, parce que les autres ne sont pas représentés du tout.
1879 : Son mentor en peinture est Camille Pissaro, le peintre impressionniste qui va lui apprendre à peindre en professionnel chez lui, à Pontoise.
1882 : Crack boursier. Gauguin perd son emploi et abandonne sa carrière dans la finance pour se consacrer pleinement à la peinture.
1884 : La famille déménage à Rouen. Mette emmène les enfants à Copenhague et Gauguin entre à Paris avec Clovis.
1887 : Voyage à Panama où il travaille par hasard pour la construction du Canal.
Il passe cinq mois en Martinique.
1888 : Pont-Aven, Bretagne. Il rejoint Vincent Van Gogh à Arles.
1889 : Exposition universelle de Paris. Gauguin organise une contre-exposition indépendante au Café Volpini.
*Gauguin était fier de ses origines sud-américaines et se proclamait souvent lui-même comme un « Indien » et même un « Inca ».
Critique : mais il n’a pas du tout peint l’Amérique du Sud ou je rêve ? Il n’est pas même pas revenu au Pérou ! Pourquoi ?
*Il n’a pas connu sa grand-mère maternelle, Flora Tristan, franco-péruvienne, féministe qui s’est battue pour le droit du divorce (voulait elle-même divorcer).
Ecrivain cultivée, elle a écrit : « Mémoires et pérégrinations d’une Paria » (188 »-1884)
« Promenades dans Londres ».
Marcel Proudhon disait qu’elle était un génie.
*A propos de la peinture illustrative ; « He firmly objected the idea of illustrative painting «  I have always said (or if not said) thought that the literary poetry of the painter was special and not the illustration or translation into forms of written texts ».
Remarque : c’est ce que j’ai dit à Tomoko, qu’elle n’était pas obligée d’être dépendante du texte et pouvait s’en libérer en créant elle-même ce qui l’inspirait, mais elle me semble encore bien jeune pour comprendre cette idée. Anyway, même si je prône la libération, cela doit aller dans le même esprit du texte poétique pour moi, donc ça reste une liberté limitée, asservie au texte, en ce qui concerne mon projet personnel de recueil.
*Gauguin s’identifiait à Tartarin de Tarascon d’Alphonse Daudet.
*Et pour comprendre sa peinture, il faut avoir lu aussi Lost Paradise de John Milton (1608-1674).
*Meilleures illustrations des Fables de la Fontaine  Boutet de Monrel, un ami.
*MARTINIQUE : « It was only there that I really felt truly myself and (…) if one wants to know who I am, even more than in my 1890 works from Brittany ».
Remarque : mais pourquoi aucun tableau majeur ne vient de Martinique ?
Influence, Flaubert Gustave By Field and Shore Travels in Brittany : Que ce soit le Caire ou Quimper, le désert syrien ou les Breton moors, le but est le même : « to find the human form in its naive freedom ».
Magnifiques photos à partir de deux peintures de Jean-Léon Gérôme « Moorish Bath » and « For Sale » : « JLG was a higly celebrated and successfoul academic painter, whose approch to art, poetry and exoticism represented everything that Gauguin rejected ».
*GAUGUIN ET LE SYMBOLISME :
Il quitte l’impressionnisme car cela ne lui réussit pas financièrement, pour le symbolisme.

Room 4 : Gauguin’s  drawings.
Les impressionnistes préféraient peindre à l’extérieur ; Gauguin à l’intérieur en studio pour travailler la composition de ses tableaux. D’où l’importance de ses croquis. Il donnait des cours de dessin à Montparnasse.

Room 5 : Landscape and rural narrative.
Pour lui, l’essence de chaque pays/région résidait dans l’interaction entre les habitants et le paysage.

*Cochons noir

*Te Poipoi (Morning)

*The Loss of Virginity : le renard est le symbole de la perversité chez les Indiens, mais aussi de pouvoir sexuel dans le folklore breton.


Room 6 : Sacred themes.
Arrive très déçu à Tahiti où il constate que les Missionnaires catholiques ont bien fait leur boulot : les polynésiens ont perdu leur culture originelle, les croyances originelles originales. Il va donc rechercher ces mythes et créer le Tahiti dont rêvent les Occidentaux.
*Arearea no varua ino  (Words of the Devil or reclining tahitian woman), 1894.

*Christ dans le jardin des oliviers : tableau montrant l’arrogance de Gauguin qui se représente lui-même en Christ, se sentant persécuté lui aussi, en tant qu’artiste maudit. Tableau incompris mais que lui aimait beaucoup, l’assumant parfaitement.


Room 7 : The Eternal feminine.
Salle mettant en valeur la beauté polynésienne.
* Les baigneuses, 1897.
J’aime la position de la femme de droite qui donne envie de poser de façon similaire et de peindre ou de photographier. (Impossible de trouver une photo correcte du tableau nulle part)


*Portique sculpté de sa maison à Tahiti : « La maison du jouir » ; « Soyez mystérieuses » (à gauche en bas) ; « Soyez amoureuses vous serez heureuses ».
Il s’est séparé de sa femme (1886) et couche avec des tas de Polynésiennes très très jeunes…
*Delectable water, Te Pape nare nare.

Room 9 : Gauguin’s Titles.
Gauguin considère qu’en peinture, il y a une partie musicale : la composition des lignes et des couleurs et une partie littéraire : la création d’une histoire.
*What ! Are you jealous ? Aha oe Feii ?, 1892.

*Where are you going ? or Woman holding a fruit, 1893.

Room 10 : Teller of Tales
Salle où l’on voit des illustrations de Gauguin.
*Noa Noa : livre illustré par des gravures sur bois.
*Journal satirique : « le sourire »
* « Cahier pour Aline », constitué d’illustrations qu’il voulait que sa fille ait en sa possession.

Room 11 : Earthly Paradise         
*Two Tahitian women.

Citations :
« Vous n’êtes pas fou, je suis un grand artiste et je le sais ».
« Que font les maris généralement, en particulier les courtiers en bourse ? Le dimanche ils vont soit aux courses, ou au café, ou aux putes, les hommes ont besoin d’un minimum de distractions, autrement ils ne peuvent pas travailler et par ailleurs, c’est seulement la nature humaine ».
« Vous me dites que je m’éloigne du centre artistique ».
« Non, j’ai raison et je sais depuis longtemps ce que je fais et pourquoi ».
« Mon centre artistique est dans mon cerveau et nulle part ailleurs ».
Paul Gauguin, Lettre à sa femme Mette, Tahiti, 1892.


Commentaire : Un génie magnifique par l’agencement de ses couleurs, Gauguin pour moi, c'est ça. Des couleurs qui sont une ode à la beauté, à l’imaginaire, à la sensualité ; à la modernité.
Une peinture qui s’éloigne enfin du sempiternel clair-obscur chrétien pesant et lourd du passé (merci l’école baroque néerlandaise) du style Rembrandt, Le Caravage, etc. (ces génies n’ont pas besoin de moi pour qu’on se rue à leurs expositions). Au revoir la peinture dépressive chrétienne ! Bonjour le soleil dans les toiles de l’athée Gauguin !
Je suis en revanche très peu sensible au paradis perdu, venant moi-même d’une île et sachant pertinemment que le mythe exotique du XVIIIème siècle est quasiment perdu pour toujours ; il subsiste il est vrai dans quelques moments de grâce, rares et complètement atemporels. Mais revivre ce temps n’est pas un but personnel.

Je n'ai pas vu une toile que j'aime beaucoup, l'aurais-je ratee sans faire expres ??? 
(l'avais reproduite en tant qu'exercice en arts plastiques au collège, je crois)

Arearea, Joyeusetes, 1892.