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mercredi 22 décembre 2021

DAMAGES, Todd A. Kessler, Glenn Kessler, Daniel Zelman, 2007-2012, ÉTATS-UNIS.

À binger sans modération !!!

À ceux qui résistent encore à l'emprise de Netflix dans leur vie : je viens de binger (vacances d'hiver 2021) une vieille série qui date de 2007 (me suis fait les 5 saisons en trois jours) et depuis, je pense être la plus grande fan de Glenn Close sur terre actuellement, lol. 
Elle est dispo gratuitement en replay sur TF1 actuellement (Netflix revend tout un jour ou l'autre).

D’habitude, les scénaristes sont pour moi les véritables génies des séries et des films. Mais pour celle-ci, c'est les deux : les scénaristes ET l'actrice Glenn Close. Je n’ai jamais vu une telle performance, une telle perfection dans l’incarnation d’un personnage fictif.

Côté scénario, le bien est intriqué dans le mal, le mal dans le bien tout en maintenant une parfaite clarté dans leur distinction, une exigence dans leurs nuances et une grande rigueur dans la cohérence générale.
Et ce, malgré les soucis de financement que la série a rencontrés et le fait que les scénaristes écrivent au fur et à mesure !

Chaque saison commence avec des fragments de la fin. Tout est fait pour que ces fragments conduisent volontairement le spectateur à induire de mauvaises conclusions. Réussir ce tour de force à 5 reprises, je trouve ça objectivement impressionnant.

Les acteurs n'étaient d’ailleurs pas prévenus eux-mêmes de l’évolution de leur personnage à l'avance et ont été mis émotionnellement quasiment à la même place que les spectateurs (à une semaine près). Ils avaient donc leur texte à apprendre au dernier moment. 14 heures par jour X 6 mois pour une saison.

Depuis, désespérée d'avoir fini une série aussi intense, j'ai regardé l'intégralité de saison 1 de la série française "Le Code" (point commun : judiciaire, cabinet d'avocats).
C'est l'anti-Damages : la série se veut complexe en nous montrant systématiquement deux points de vue sur chaque affaire, avec d'un côté le point de vue "zemmourien" et de l'autre, le point de vue "Islamo-gauchiste" qui domine au final l'esprit de la série (d'ailleurs, tous les méchants sont blancs et les personnes à haute responsabilité de couleur).
C’est comme si vous pétiez très fort, que ça puait dans toute la pièce et que vous demandiez pardon ensuite en vous frappant vous-même. Déplorable.
Le procédé est exactement le même dans la série judiciaire "Munch", l'apogée de son application se trouvant dans "Le Commissaire Magellan ». 

Le procédé est tellement grossier avec cette conception idéologique et partisane du bien et du mal que le résultat donne à peu près tout le contraire de ce qui était prétendument voulu : une série manichéenne dénuée de complexité.

Il est évident que les scénaristes français s'efforcent de copier les scénaristes américains qui utilisent ce procédé de parallélisme idéologique depuis beaucoup plus longtemps entre un point de vue démocrate et un point de vue républicain mais sans caricature ridicule, ni de l’un, ni de l’autre. 
Le point de vue démocrate ne méprise pas de façon angélique le point de vue républicain et le point de vue républicain dans les séries américaines n’est ni trumpiste ni zemmourien. Il est plutôt hobbesien versus rousseauiste. 
Les deux points de vue s’affrontent souvent mais ce sont surtout des actions qui vont les illustrer et c’est au spectateur d’en tirer ses propres conclusions (cf. Lost ou The Walking Dead : les scénaristes le font très souvent). 
En résumé, les Américains parient sur l’intelligence des spectateurs. Les producteurs français, non (en-dehors du génial Bureau des Légendes), ils se contentent d'assurer des parts d’audience avec les spectateurs moyens.
Je me doute bien que ça repose beaucoup de gens de ne pas vouloir affronter la violence de la complexité. Mais faudra pas jouer les grands étonnés aux futures élections…

Cette série, par la médiocrité de ses ambitions et ce, malgré la qualité apparente de sa production, est incapable de "divertir", autrement dit de détourner du réel et ne pouvait que me faire tomber en dépression, en d’autres termes me ramener à la réalité et à la dure prise de conscience que j’ai une centaine de copies à corriger avant la rentrée. Sigh. 

Cela dit, une collègue de Lettres m’ayant rappelé mon amour pour The Wire, une de mes séries d'anthologie pour la vie, je concède sans problème que "Damages" n’en fera pas partie pour la raison suivante très simple : c’est surtout du talent époustouflant d'une actrice, de Glenn Close dont il est question. Le reste est en effet, du grand divertissement, ne serait-ce que parce qu’il ne s’agit pas de l’univers réaliste de monsieur ou madame tout le monde.

The Wire en revanche, c’est la vraie vie avec un pauvre fonctionnaire de police comme anti-héros : il a des convictions fortes et une vocation pour son métier mais aucun pouvoir, ce qui le rend fou, l’identification est facile. Le scénario a été écrit pour tous les idéalistes énervés de la Terre dont je fais partie. Je ne me souviens pourtant jamais du nom de l’acteur qui m’a fait pleurer comme une madeleine, quand bien même il l’incarnait parfaitement. Son personnage - Joe ?- était sans doute plus fort que son enveloppe corporelle (image floue dans ma mémoire alors que que je l’avais trouvé très mignon).

Cependant, le point commun entre The Wire et Damages c’est que ce sont des séries qui reposent sur une conception du bien et du mal qui se veut la plus universelle possible. 
La politique de bas étage n’y est pas amalgamée : le héros de The Wire comprend que les politiciens de Baltimore, peu importe leur bord, ne sont pas sincères (c’est ce que finit par comprendre n’importe quel fonctionnaire dans le monde), quant à Patty Hewes, elle est connue dans son milieu fictif pour ne pas aimer les politiciens et finit par accepter un poste politique, uniquement pour se protéger et non par conviction, ni même pour le pouvoir dont elle se nourrissait.

Conclusion : I LOVE GLENN CLOSE <3 Watch or rewatch Damages ! I don't understand why she still doesn't have an oscar. Hope she will get one at least for her whole career before she dies or loses her mind. What a woman !

The most talented actress in the world without any single Oscar : Glenn Close ! 
Shame on you, Hollywood !


MYSTÈRE TOTAL POUR MOI (est-ce une histoire d'aire géographique ?) : Je n'ai pas réussi à trouver beaucoup d'interviews des acteurs de la série. Seulement la vidéo ci-dessous (la fin où une actrice rend hommage à Glenn Close comme il se doit -j'ai exactement pensé LA MÊME CHOSE- me fait vraiment plaisir même si je ne comprends PAS pourquoi les autres restent impassibles, bande de bâtards, j'en arrive à me demander si Glenn Close ne leur a pas fait quelque chose personnellement pour mériter ça). J'ai ri quand l'animatrice la présente et dit "I'm very honored and little frightened to welcome Glenn Close" (moi aussi, elle me fait trop peur, lol).

 




Ce lien de replay qui donne accès aux 5 saisons a hélas une date d'expiration, évidemment : https://www.tf1.fr/tf1/damages