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lundi 4 février 2013

Pleins de vie, John Fante (US), 1952.



Editions 10/18, numéro 2089.

Résumé de l'histoire : John Fante raconte sa propre histoire au moment où il est déjà un écrivain pour Hollywood. Il vient d'acheter une maison et sa femme, Joyce est enceinte. Ce livre raconte la difficulté de la grossesse côté homme et les liens affectifs complexes entre père et fils (pour ne pas changer).

Commentaire : Est-ce parce que je l'ai lu en français ou que je ne me remets pas de ses chefs-d'oeuvre ? Sans doute un peu des deux. Je ne garderai pas "Pleins de vie" dans ma bibliothèque. Mais bien sûr que quelques passages sont drôles et émouvants, comme celui de la lettre du père, de la comédie de la mère, des superstitions rurales pour faire un garçon et celui du père dans le train. A mourir de rire, comme d'habitude : je conseille donc ce livre à ceux qui ne connaissent pas du tout John Fante.

Quelques citations :

"(...) elle ne voulait plus de moi, elle désirait que je prenne une maîtresse. Mais quelle maîtresse ? Depuis des années je vivais à l'écart de la jungle où rôdent les célibataires. Où allais-je donc trouver une autre femme, à supposer que j'en veuille une ? Je me voyais embusqué sur Santa Monica Boulevard, bavardant avec des femmes livres dans de ténébreux bars louches, m'éreintant e répliques spirituelles, buvant comme un trou pour me cacher la sordide laideur de pareilles liaisons.
Non, je ne pouvais pas être infidèle à Joyce. Je ne le désirais même pas, et cela aussi m'inquiétait. Car tous les hommes n'avaient-ils pour l'habitude de tromper leur femme pendant leur grossesse ?", p. 52.
Réflexion : oui, je suis au courant d'au moins deux cas dans mon entourage indirect et je trouve ça affreux.

"C'était donc ça le mariage, une tombe, une prison méprisable où, à cause du désir tout-puissant d'être bon, respectable, entier, un homme se laissait ridiculiser (...) avec pour seule récompense une ribambelle d'enfants incapables de la moindre gratitude. Je les imaginais déjà, ces enfants, me flanquer à la rue quand je serais vieux, me chasser de mon foyer, remplir des papiers pour me transférer dans un asile et se débarrasser de moi, vieillard chevrotant qui avait sacrifié les meilleures années de son existence pour qu'ils puissent croquer la vie à pleines dents. Ma récompense, ce serait cela !", p. 61.

"Mes chers fils,

Votre mère va bien. Moi aussi, je vais bien. Nous n'avons plus besoin de vous. Payez-vous donc du bon temps, riez et amusez-vous, et surtout oubliez votre père. Mais pas votre mère. Ne vous en faites pas pour votre père. C'est de votre mère qu'il s'agit. Votre père a travaillé dur pour vous acheter des chaussures et vous inscrire à l'école. Il ne regrette rien. Il n'a besoin de rien. Alors payez-vous du bon temps, mes enfants, riez et amusez-vous, mais de temps à autre pensez à votre mère. Ecrivez-lui une lettre. N'écrivez surtout pas à votre père, car il n'en a pas besoin, mais maintenant votre mère vieillit, les enfants. Vous savez que c'est de vieillir. Alors payez-vous du bon temps pendant que vous êtes jeunes. Riez et amusez-vous ; mais pensez parfois à votre mère. Ne faites pas attention à votre père. Il n'a jamais eu besoin de votre aide. Mais votre mère se sent bien seule. Payez-vous du bon temps. Riez et amusez-vous.

Bien à vous,

Nick Fante.", p. 74

"J'ai bien essayé de la retirer doucement, mais, trop occupée à embrasser chaque doigt, elle n'a rien voulu savoir. J'ai ressenti une grande pitié pour elle, pour toutes les femmes consumées d'amour maternel", p. 97.

"Ce gosse lit trop, mon père. Je lui répète ça depuis des années."
"C'était donc "ce gosse" maintenant.
"Mais j'aime lire, papa. ça fait partie de mon métier."
"C'est à cause de tous ces bouquins, mon père. Il m'a même parlé de contrôle des naissances.", p. 158-159.

" (...) on soupçonnait son agent de duplicité, ses amis de fourberie, ses voisins de stupidité. Mais là (...) mon agent, mon voisin, mon ami perdaient d'une certaine manière toute substance et devenaient l'objet d'une beauté spirituelle ; ils étaient des entités et non des êtres, des âmes et non des salauds.", p. 189-190.

"Ô père, ô mère, ô femme, ô frère, ô ami, j'ai vécu jusqu'ici parmi vous en respectant les conventions. Maintenant je possède la vérité. Sachez donc qu'à partir d'aujourd'hui je ne suivrai plus d'autre loi sinon la loi éternelle...Je fais appel à vos coutumes. Je dois être moi-même. Je ne me contraindrai plus pour vous. Si vous pouvez m'aimer pour ce que je suis, alors nous serons très heureux. Mais si vous ne le pouvez pas, je m'efforcerai de mériter que vous le soyez. Je ne cacherai ni mes goûts ni mes aversions".
"Emerson", j'ai dit. "Oh, l'excellent homme !", p.197.