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mercredi 11 octobre 2017

W.H. SEBALD : COMPTE-RENDU DE LA CONFERENCE DU 11/10/17 PAR CAMILLE TOLEDO, MAISON DE LA POESIE, PARIS.

W. G. Sebald, écrivain et essayiste allemand né en 1944 et mort en 2001.

Selon Camille Toledo, c’était avant tout un écrivain des ombres, des fantômes, de la destruction mais une enseignante mexicaine en Californie lui a soufflé l’idée que selon elle, il était « le premier écrivain de la personnification du non-humain ».
Il reprend et développe donc cette idée (en ayant oublié le nom de cette enseignante).

Sebald : Perte du contrôle de sa vie à 35 ans. A compris à 35 ans qu’il ne contrôlait pas sa vie mais que la vie le contrôlait. Qu’il y a toujours quelque chose qui empêche de réaliser ce qu’on avait prévu.

Un Vertige est un éloignement de repères < Abîme où le temps est perturbé vers la mort.

De la destruction...
Livre sur la campagne de bombardements des alliés sur l’Allemagne.

Trois livres majeurs : Vertiges - Les Émigrants - Archéologie de la mémoire.

Intro sur le non-vivant.
La vie secrète des arbres (à lire) de Peter Wohlleben.
Le fleuve Whanganui, NZ entité juridique
< Transfert dignité ontologique

Deux bibliothèques.
Bibliothèque de la destruction (du côté du H : honte, hantise, etc.) à celle de la construction.
Jonction visage détruit et paysage construit.
« Le hêtre et le bouleau, essai sur la tristesse européenne » de Toledo.
Figure totémique de la reconstruction : Lévinas, Emmanuel.
À l’encontre de Souffrances hiérarchisées, compétition de mémoires < solidarité de souffrances.

Passages anthropo-scéniques.
(Je pense à l’extrait connu de Hiroshima mon amour de Duras).

Non-humain : très présent dans tableaux hollandais de natures mortes avec restes de bouffe qui témoignent d’un repas humain qui s’est déroulé. Ça m’intéresse vraiment, je n’ai pas de tableau de référence en tête mais j’ai hâte de trouver.

==> c’est exactement ce que j’ai expliqué à Ranjee (ma collègue australienne au KZ) pour lui expliquer pourquoi je ne prenais pas les gens en photo lors de nos repas conviviaux. La bouffe sans les visages. Afin de contraindre la mémoire à se souvenir et à déterminer si ces moments avaient un sens humain ou pas.
Plus tard, j’ai vu Richter faire ça à l’envers : il prend des photos souvenirs et il détruit les visages avec de la peinture vive et abstraite (j’adore !).

1913 : date récurrente dans Vertiges. Date où l’on comprend qu’à cause du surplus de production d’armes en Allemagne, il est « capitalistement » nécessaire de faire la guerre. Trop d’armes = il faut les utiliser...

Archéologie de la mémoire.
Enfant et forêt.
(Deleuze avait pour habitude de se promener dans les forêts avec ses enfants et de dire : « Mais qu’est-ce qu’ils ont à nous regarder, ceux-là ? » (en parlant des arbres).)

“Conspiration du silence” (sur l’omertà des parents allemands post-guerre que les enfants subissent depuis le procès de Frankfort (« il y a toujours un procès qui marque le début d’une conscience d’une histoire » « idem pour les Juifs avec celui d’Eichmann »)

Enquête sur ce crime abstrait permanent.
Lecture des signes obsédante. Lecture indicielle omniprésente.
Moment où l’acte d’écrire devient une nécessité, pour Sebald :
Groupe 47. Surréalistes allemands dont Paul Ceylan.
Il lit les initiales d’un botaniste et zoologiste qui sont les mêmes que les siennes.
C’est ainsi qu’il devient écrivain dans le sillon d’un fantôme.

« La vie n’a aucun sens mais on fait le pari fou qu’elle en a un ».

Donc quête du sens permanent chez Sebald.

Il prête le sentiment de vertige pour la première fois dans son livre à Henri Beyle (Stendhal) par rapport aux guerres napoléoniennes, donc le romantisme est le contexte du vertige. De nouveau : destruction, paysage et fantômes.

Vertiges : enquête sans objet sur plusieurs morts.

Je viens juste d’avoir l’idée (HIER SOIR) appelé « Projet Honor ». Faire des enquêtes sur les suicidés du métro de Paris (au moins 200 par an sur les 400 de tout le réseau national, un gars de la RATP m’a dit plus de 300 en Ile-de-France par an). Enquêter sur leur vie. Choisir les vies les plus insolites, les plus...fortes de sens.

Chapitre 3 < Référence Kafka (persecution et culpabilité du Procès).
Les 5 W en allemand : où quand qui quoi pourquoi ?
D’où l’engouement des Allemands pour les polars qui obtiennent des réponses à une histoire, celles qu’ils n’ont pas dans leur histoire personnelle (même raison pour tout le monde je pense).

Sebald refuse des réponses : il n’y en aura jamais, même s’il les cherche sans cesse.

Dissolution de l’identité = dépression = Vertige.
Moment où la vie n’a plus de fond, dissolution du sujet, dissolution avec les choses = réification (Toledo n’emploie jamais ce mot mais je traduis son idée) du sujet, où l’on devient soi-même un « hôtel hanté de fantômes ».

Corpus Georges Steiner ? J’ai perdu le fil.

Sebald : part en exil à 20 ans, à Manchester, en Angleterre. Échec de l’exil (pourquoi échec ? Il n’a pas développé car il avait dépassé son temps) d’où le rattachement à son identité par l’écriture.




http://www.maisondelapoesieparis.com/events/histoire-du-vertige-saison-2-par-camille-de-toledo/