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mercredi 1 décembre 2010

Va va, vierge pour la seconde fois, Koji Wakamatsu, 1969 (JPN).




Va va, vierge pour la seconde fois, Koji Wakamatsu, 1969 (JPN).


***Très bon.

Histoire : Une jeune lycéenne de dix-sept ans se fait violer pour la seconde fois de sa vie sur le toit d’un immeuble par de jeunes voyous.
Un étudiant assiste au viol passivement, impuissant.
Elle veut mourir, lui demande de la tuer mais il ne veut pas, puis aux violeurs qu’elle recroise le matin, qui la violent de nouveau mais sans la tuer, en se moquant d’elle, en l’injuriant.
Puppo (la jeune fille) et Tsukio (l’étudiant) échangent leurs peines respectives, de façon poétique : il écrit des livres non-publiés et chante une magnifique chanson style blues pleine d’anglicismes ; elle récite les mêmes vers d’un poème qui semble être le sien dont le refrain est « va va, vierge pour la seconde fois ».
Puppo raconte que son père s’est suicidé et sa mère aussi. Son père était incestueux et sa mère se faisait violer aussi. Elle est malheureuse et dit que même le second viol de sa vie n’a pas réussi à enlever sa tristesse.
Tsukio, qui est en fait le fils du concierge de l’immeuble, l’emmène chez lui et lui montre des cadavres ensanglantés qui jonchent sur le sol : il les a tués parce qu’ils l’ont violé, lui aussi, lui imposant leur luxure et le considérant comme un objet. Il dit qu’il n’a jamais aimé personne, pas même ses parents.
Le soir, ils recroisent les violeurs avec leurs petites-amies respectives et se moquent injurieusement de Puppo de nouveau. L’un deux viole pour la troisième fois Puppo…Le jeune étudiant cette fois-ci les tue tous un par un.
Ils tentent de parodier maladroitement une histoire d’amour mais elle ne marche pas, ils jouent comme des enfants sans y croire eux-mêmes : Puppo déclare sa flamme en espérant être tuée pour cette raison mais Tsukio n’y croit pas une seule seconde.
A un moment donné, ils s’interrogent sur leur réel désir de mort et se répondent mutuellement que finalement, ils n’ont en pas vraiment envie, ils se disent qu’ils ont plutôt envie de lire une b.d. et rient comme des enfants, heureux. C’est le seul moment heureux du film.

Critique :
Je ne vois pas vraiment ce film comme un film érotique et je trouve même un peu « dangereux » qu’on l’assimile à de l’érotisme…C’est un film triste, sur des êtres malheureux qui sont seuls au monde malgré leur proximité spatio-temporelle brève, sur un toit, une nuit, un matin, une journée, un soir, un autre matin.
Le croisement de leurs vies leur permet d’échanger leurs peines, mais pas de la soulager. Tsukio ne veut pas tuer Puppo parce qu’elle n’est pas un argument moral de meurtre : elle est une victime, pas une des personnes qui font du mal aux autres.
J’en ai les larmes aux yeux rien que d’y penser (on ne pleure pas pendant le visionnage des films de Wakamatsu, c’est trop cru) sans doute encouragée par le rock suédois qui passe sur France-Inter en ce mercredi 1er décembre dans la Black session.
Ce ne sont pas des films érotiques bordel, ce sont des films qui se servent du sexe comme métaphore de la violence, du viol d’âme, du meurtre d’âme de l’Autre, de ce qui fait le plus mal au monde. Le spectateur subit sans cesse sa propre impuissance incarnée dans ce film par Tsukio qui souffre lui-même. Alors bien sûr, oui, certaines scènes sont peut-être érotiques, mais on ne mouille franchement pas dans sa culotte, peut-être qu’il faut être un homme pour bander devant des scènes pareilles…

Réflexion sur le titre : je n’ai pas été assez attentive au poème très poétique de Puppo, mais il me semble qu’après s’être sentie souillée et blessée dans sa chair et son âme, la femme a envie de renaître de nouveau sexuellement au prochain, elle se sent comme une vierge en attente d’un grand amour…ce qui, en ce qui concerne Puppo n’est qu’une illusion simulée.

Citations :
Puppo : « Il ne veut pas me tuer » (en parlant d’un des violeurs en train de la violer)
Un des violeurs spectateurs : « C’est ce qu’il est en train de faire » (en riant).
***
Tsukio : « Tu veux que je te laisse seule ? »
Puppo : « Je crois que je suis déjà seule. »
***
Tsukio : « Tu as aimé te faire violer ? »
Puppo : …(silence sans expression, aucune réponse ne viendra à cette question).

****
Puppo à Tsukio : « Viole-moi ! (…) Fais-moi l’amour ! »
(…)
Tsukio : « Je n’ai jamais aimé personne, pas même mes parents ! »


Pour voir l’extrait de la chanson :
Traduction des paroles de la chanson de Tsukio
(il a une très jolie voix et la chanson est émouvante) :
mama i'm taking off
the tour bus stops
the cuckoo cries for mama
no seeing you again
everyone betrays me, cuts me off
jean, miller and norman mailer in the dumps
this is not an erect, all-red neon body
though gathering on the edge of a tepid knife
now the park is patrolled, my living room is watched
my policeman's coffee
no seeing you again
the black list i made
the caesarean section of the map
mama, i'm taking off
for now, in the city night
a naked luch, a blood-filled lunch
slit my wrists from impotence and drugs
mama, i'm taking off
to kill them all... to execute all about me.