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lundi 1 novembre 2010

PULP de Charles Bukowski, 1994 (USA)


Pulp de Charles Bukowski, 1994.

**On peut s’en passer : je le vends d'occasion à 2 euros 50 (Editions Livre de Poche).

Entre le roman de gare et  le roman policier en passant par le fantastique, avec néanmoins ici et là quelques phrases fulgurantes, intelligentes et drôles.
Ce n’est clairement pas le livre du siècle, mais c’est écrit par quelqu’un qui sait écrire et c’est le dernier livre de Bukowski.
Je l'ai acheté parce que ce livre fait référence à Céline comme le plus grand écrivain français et comme je partage cette opinion, hélas, encore au 21ème siècle...Je voulais savoir ce qui en était dit.
En fait pas grand-chose, mais quelques traits stylistiques, l'ironie humoristique et un thème omniprésent : la mort.

L’histoire : Nick Brelane est détective privé. C’est un raté qui passe son temps à boire, manger gras et jouer aux courses. Il doit s’occuper de plusieurs affaires qui le dépassent :

- La Grande Faucheuse (la mort) lui demande de trouver Céline, le plus grand écrivain français », auteur qui pourtant selon l’encyclopédie, est déjà mort.

- John Barton (qui l’a recommandé à la Grande Faucheuse) lui demande de trouver le Moineau Ecarlate.

- Jack Bass (un civil), lui demande de prendre sa femme, Cindy, en flagrant délit d’adultère.

- Groovers (un employé des pompes funèbres) lui demande de le débarrasser de Jeanine Nitro, un monstre venu de l’espace qui lui fait faire tout ce qu’elle veut. Jeanine est en fait un serpent monstrueux qui fait de Brelane leur complice pour conquérir la Terre.

II fait n’importe quoi (joue aux courses et boit) voire rien du tout. Mais la chance lui sourit :
- Il fait rencontrer Céline et la Grande Faucheuse qui... Affaire classée.
- Il surprend avec sa caméra Cindy avec un homme qui se trouve être un des six extra-terrestres venus conquérir la planète. Jeanine le surprend. Cindy le voit en serpent et accepte de ne plus tromper son mari à condition que Brelane ne montre pas la vidéo. Affaire classée.
- Jeanine annonce à Brelane que ses compagnons et elle ont décidé de ne plus conquérir la planète : trop polluée, trop haineuse, trop violente. Elle n’embêtera donc plus Groovers (qu’elle aimait bien pour s’amuser). Affaire classée.
- Pour le Moineau Ecarlate, ça sera aussi une affaire classée mais je laisse le lecteur découvrir.

Citations :

« L’homme est né pour mourir. Impossible de nier l’évidence. On se rattrape à tout ce qui passe et on attend. On attend le dernier métro. On attend une paire de gros nibards dans une chambre d’hôtel, une nuit d’août à Las Vegas. On attend que les poules aient des dents. On attend que le soleil baise la lune. Et en attendant on se raccroche à n’importe quoi. », p.14
« C’est bien le premier taxi que je voyais sur cette partie d’Hollywood Boulevard. Je veux dire vide et cherchant le client », p.17

« Ma vie avait-elle encore un sens ? Je n’existe que si je poursuis un but, que si les lumières scintillent, que si je suis fasciné, que si je succombe à la tentation », p.39

« Ce n’était pas mon jour. Ni ma semaine. Et encore moins mon mois. Pas davantage mon année. Ni ma vie. », p.52

«-  Mais c’est un pigeon mort !
- Pas du tout, dit-il. C’est le Moineau Ecarlate. », p. 62 (Me touche car j’ai écrit un poème et un court-métrage intitulés « Le Pigeon mort ».

« Toute notre vie, on attend. Que ça passe ou ça casse. On fait la queue pour acheter du papier cul. Pour encaisser un chèque. Et quand on est sans un, on fait tout de même la queue. Plus longtemps encore. On attend le sommeil et on attend le réveil. Même topo pour le mariage et le divorce. On attend la pluie et on attend qu’elle cesse. On attend l’heure de passer à table puis d’y retourner. On attend chez le psychiatre au milieu d’une bande de psychotiques, tout en se demandant si l’on n’en est pas un, soi-même. », p. 90

« Les hommes se nourrissent d’illusions », p.95

« On pouvait d’ailleurs en déduire une théorie. Dans la vie, ne gagnent que ceux qui s’entêtent et auxquels la chance sourit. D’autant que, plus vous tenez ferme sur vos positions, et plus la chance peut se montrer bonne fille. Mais la plupart des humains lèvent le pied et échouent. », p.103

« Il y a toujours quelqu’un pour vous gâcher le moment présent, voire votre vie », p.104

« Au grand jeu de la vie, jamais je ne gagnerais. », p.106

« T’as le profil idéal du collabo. T’es crédule, égocentrique et dépourvu de tout caractère. », p.110

« Mais je n’ai plus vingt ans. Le matin, lorsque je me réveille, je suis aussi crevé que le soir en me couchant. Le meilleur est derrière moi. », p 130

« Pourquoi n’étais-je pas aux fourneaux d’un coffee shop en train de préparer des œufs brouillés, sans autre souci que de vouloir les réussir ? Pourquoi n’étais-je pas une mouche taquinant le poignet d’un inconnu, avide de sa sueur et de son indifférence ? Pourquoi n’étais-je pas un coq dans un poulailler, à bouffer tout ce qui brille ? Hein, pourquoi ? Pourq… ? », p.134

« - Qu’y a-t-il de si affreux sur cette…Terre ?
- Chacune de ses composantes. Le smog, par exemple, mais aussi son taux de criminalité, l’air empoisonné, les eaux polluées, la nourriture cancérigène…Mais encore la haine, le désespoir….La seule chose de belle sur votre planète, ce sont les animaux, contre lesquels vous vous acharnez, et qui bientôt auront tous disparu, excepté les rats apprivoisés et les chevaux des champs de courses. Ça m’attriste, mais ça m’explique aussi pourquoi tu bois tant. », p.136

« J’avais eu beau déménager pas mal de fois, je n’avais jamais dormi sous les ponts. (…) Ce ne sont pas des détraqués, c’est la sacro-sainte productivité qui les a mis sur la touche. Voilà ce qui les a changés, et qui la obligés à cette sinistre métamorphose. D’où j’en déduis que dormir dans un lit est déjà en soi une grande victoire sur les puissants. Et même si j’ai dû, à plus d’une reprise, me dénicher un toit en urgence, j’ai été plutôt verni. », p.137

« (…) et dans ses yeux, je ne découvris que futilité et lacune. », p.145

« (…) bien décidé à ne pas allumer cette saleté de télé. Car la regarder en étant au plus bas ne fait que vous enfoncer un peu plus. Qui peut en effet supporter cette interminable succession de gueules enfarinées, ce lugubre défilé de tocards, dont certains font pâmer le pays tout entier ? Invariablement, les comédiens sont à chier et les dramatiques bêtes à manger du foin. Dans ces conditions, pourquoi ouvrir la télé quand on peut ouvrir une bouteille ? Hein, pourquoi ? », p.153

« Lorsqu’on était aussi nullard que moi, on méritait que des coups de pied au cul. Mon paternel m’avait prévenu : « Quitte à choisir un métier, choisis-en un où l’on pique l’oseille pour ne plus la rendre. Sois banquier ou assureur. (…) Tes clients n’obéissent qu’à deux lois : l’avidité et la peur. Mais toi, ne règle ta vie que sur une seule : l’opportunité. », p.153

« Rien n’égale la solitude du raté. Or la planète regorge de types qui écoutent la pluie tomber, en se demandant si cette comédie a un sens. Telle est la vérité de la vieillesse : poser son cul quelque part et soliloquer à l’infini sur le que faire ?
Moi-même, que pouvais-je espérer ? L’horizon n’était-il pas définitivement bouché ? Et quand on est aux trois-quarts mort, que faire d’autre que d’allumer sa télé ? », p.154

« Putains de casse-burnes ! Quel que soit le continent où ils ont vu le jour, ils sont la vraie majorité », p. 164

« - On devrait faire connaissance, minauda t-elle.
- ça nous rapporterait que dalle ! Qu’une série de clichetons !
- Comment pouvez-vous dire une telle chose ?
- Par expérience.
- Et si jusqu’à présent vous n’aviez tiré que sur des mauvais numéros ?
- Probablement que je les méritais ! », p. 165