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mercredi 20 février 2013

Memories of a Murder, Bong Joon Ho, 2003 (Corée du Sud).

Du folklore traditionnel burlesque au drame dépouillé.



Genre : policier
Visionné le : mercredi 20 février 2013.
Résumé : un meurtre précédé d'un viol a été commis dans une petite ville rurale et ouvrière de Corée du Sud.

Le policier chargé de l'enquête incarne toute la police folklorique locale : il fonctionne essentiellement à l'intuition quand ce n'est pas aux superstitions et n'a pas l'air très intelligent en plus d'être spécialement grossier et prétentieux. On apprend plus tard que sa formation a été de deux ans à l'école de police. Son partenaire est chargé de torturer les suspects pour obtenir des aveux, notamment en les rouant de coups avec une de ses chaussures militaires. Il n'a pas eu de formation du tout.

Tout à coup, un jeune policier débarque de Séoul en tant que volontaire. Il est perspicace, intelligent, en plus d'être beau, humble et discret. Il a tout de suite repéré deux constantes : le criminel opère quand il pleut et la femme est vêtue de rouge. Il a suivi une formation de quatre ans. C'est un jeune policier réellement formé à son métier, même s'il ne sait pas se battre.

Les deux méthodes s'affrontent de façon loufoque (style le manga japonais "le collège fou, fou, fou" pour les trentenaires de la génération Club Dorothée), une rivalité arbitrée par un commissaire de police pas très sérieux non plus...

WARNING : NE PAS LIRE LA SUITE SI VOUS NE VOULEZ PAS EN SAVOIR PLUS !

Toutefois, grâce à l'aide de la secrétaire, une constante plus sérieuse que la couleur rouge apparaît : le criminel agit après avoir écouté la chanson "Sad Letter" qu'il a demandé à une station de diffuser uniquement lorsqu'il pleut.

Par ailleurs, l'avant-dernier crime est particulièrement horrible : le tueur en série a inséré neuf morceaux de pêche dans le vagin dans la victime... On passe donc du film policier comique et léger au film policier dramatique. Le policier folklorique ne rit plus et son partenaire va se faire amputer d'une jambe à cause d'un clou dont il ne s'est pas soucié et par lequel il a été atteint du tétanos.

Grâce à une ancienne victime et à la station de radio, on parvient à identifier celui qui a de fortes chances d'être le criminel. Hélas, il n'y a pas de preuve contre lui. Toutefois du sperme a été retrouvé dans le corps de la dernière victime et ils sont obligés d'attendre les résultats d'un laboratoire aux États-Unis car la Corée du Sud n'a pas encore la technologie capable d'établir de telles analyses (d'après le film en 2003, ce qui semble assez incroyable vu la richesse et la modernité extérieures de ce pays).

Le dernier crime est "le plus" horrible dans la mesure où il s'agit d'une jeune fille du village que l'on voit à plusieurs reprises depuis le début du film : elle n'a que treize ans et en plus, le pansement que lui avait mis le jeune policier alors qu'elle s'était blessée lors d'un entraînement de sécurité a été retrouvé dans son vagin.

Hélas, les résultats ne confirment pas la culpabilité du suspect. Le jeune policier en perd la raison et voudrait faire justice soi-même alors même qu'il jugeait ces méthodes barbares au début de l'enquête. Comble de l'ironie, c'est le policier folklorique qui l'empêche de faire l'erreur de sa carrière. A travers le jeune homme, c'est tout le combat du raison contre le coeur ; de la science contre la conviction intime. Ce n'est pas sans rappeler le film "Zodiac" de David Fincher, lui aussi basé sur des faits réels : alors que tout porte à croire qu'un individu est LE criminel, aucune preuve matérielle ne peut être retenue contre lui ; pire, des analyses contredisent sa culpabilité. C'est exactement la même chose dans ce film.

La fin est bien trouvée : le policier folklo s'est reconverti en homme d'affaires et retourne sur les lieux du crime en regardant sous la pierre des égouts où a été retrouvée la première victime. Une petite fille lui dit qu'elle a vu un homme faire la même chose et qu'elle saurait capable de le reconnaître.

Commentaire : au-delà du style du réalisateur qui est reconnu et a gagné plusieurs récompenses pour ce film, on reconnaît une atmosphère qu'on a aimé dans "Poetry" un film coréen d'un tout autre genre : on retrouve ce passage virtuose de la grossièreté vulgaire externe à la sensibilité délicate interne. Le côté vulgaire ne donne pas du tout envie de mieux connaître la Corée du Sud (énième pays asiatique de nouveaux riches bling bling sans culture ou bourrage de crâne des enfants ne rime pas avec esprit critique) quand l'aspect délicat et sensible, transmis au spectateur de façon effective et efficace, donne envie de découvrir ce pays connu pour être coincé entre le Japon et la Chine, tout en ayant une culture distincte mais méconnue. La Corée du Sud reste un mystère entre le clip planétaire Gangnam style qui critique tout en cautionnant la société superficielle de consommation ; le sublime film Poetry qui donne un espoir puissant en l'humanité et le kimchi, ce condiment national terriblement épicé pour le palais occidental. Un pays des extrêmes qui rayonne discrètement. Le pays du matin calme...


Wikipédia : Parmi les États industrialisés membres de l’OCDE, la Corée du Sud est le pays où le taux de suicides (24,7 suicides pour 100 000 personnes en 2005) est le plus élevé : le suicide est la première cause de décès entre 20 et 40 ans37

Surcharge de travail [modifier]
Les hagwons sont des instituts privés où des professeurs payés à prix d'or préparent les élèves aux examens souvent jusqu'à minuit ou au-delà. Avec 50 heures d'études par semaine en moyenne, les écoliers du pays du Matin-Calme sont les plus assidus de l' OCDE (L'Organisation de Coopération et de Développement Économiques). C’est cette assiduité qui serait la clé des excellents résultats de la Corée ; elle se positionne en effet au deuxième rang, derrière la Chine et devant la Finlande. Les autorités cherchent en permanence à améliorer la compétitivité du système sous la pression de parents qui voient dans la réussite scolaire la clé de l'ascension sociale. C’est comme cela qu’après avoir démarré la journée de cours vers 8 heures, les étudiants poursuivent leur journée avec des études supplémentaires. Vers 21 h 30, des bus les attendent pour les emmener vers les hagwons. Ils entament alors une deuxième journée de cours. Lors de leur dernière année du secondaire, ils ne dorment que cinq heures par nuit et ont moins d'une heure de temps libre par jour. Ce véritable système éducatif parallèle oblige les enfants à des journées de quinze heures de cours, voire plus. Son objectif est de préparer l'examen d'entrée à l'université, le sooneung , l'épreuve la plus importante de la vie d'un jeune Sud-Coréen. En Corée, le diplôme universitaire est une garantie de prestige social et de bon emploi. Evidemment, cette surcharge de travail à un prix; selon un sondage réalisé en 2009, un tiers des lycéens dort pendant les cours obligatoires. Les enfants sont épuisés, stressés, aigris. Les parents veulent toujours plus de notes, de résultats. Leurs enfants deviennent des marchandises et leur santé psychologique est mise en danger. Autres effets négatif du système : un esprit critique peu développé et peu créatif, ainsi qu’un manque de réactivité en classe ; les élèves deviennent amorphes.