Un blog pour se remuer les neurones et se secouer les fesses !
Un blog pour encourager tous ceux qui n'ont pas envie de se laisser aller avec non-garantie de succès, ni pour eux, ni pour moi-même. ;-)

samedi 1 janvier 2011

Books v. cigarettes, Georges Orwell, 1946 (UK) (and other articles)


Editions Pinguin ideas, 2008.
Books v. cigarettes, Georges Orwell, 1946 (UK)
Lecture achevée le 1er janvier 2011.

Il y a deux ans, un ami à moi, un éditeur de journaux, surveillait les feux[i] avec des ouvriers. Ils en sont arrivés à parler de son journal, qu’ils lisaient et approuvaient pour la plupart, mais quand il leur demanda ce qu’ils pensaient de la section littéraire, la réponse qu’il obtint fut : « Vous ne pensez quand même pas qu’on lise ce truc, si ? Pourquoi, la moitié du temps vous parlez de livres qui coûtent douze pounds et six pence ! Les types comme nous ne peuvent pas dépenser douze pounds et six pence pour un livre ». Ceux-là, me dit-il, étaient des hommes qui pouvaient dépenser plusieurs pounds pour un voyage à Blackpool.
Cette idée que l’achat, ou même la lecture, de livres est un loisir coûteux et inaccessible à la classe moyenne est tellement répandue que cela demande d’être analysé de plus près. Ce que lire représente exactement, reconnu en termes de pence par heure, est difficile à estimer, mais j’ai commencé à inventorier mes propres livres et à ajouter leur prix total. After allowing for various other expenses (comment traduire ?), je peux faire une bonne estimation de ma dépense ces quinze dernières années.
Les livres que j’ai tenus en compte et dont j’ai évalué le prix sont ceux que j’ai ici, dans mon appartement. J’ai à peu près le nombre équivalent de livres stockés à un autre endroit, de sorte que je dois doubler le chiffre total pour arriver au total réel. Je n’ai pas compté le bric-à-brac tel que les épreuves, les volumes abîmés, les éditions de livres de poche à bon marché, les pamphlets ou les magazines, à moins qu’ils n’aient été ficelés en forme de livre. J’ai tenu en compte seulement les livres que j’avais acquis volontairement, et que j’avais l’intention de garder. Dans cette catégorie, j’ai 442 livres, acquis par les moyens suivants :
 
Achetés (la plupart d’occasion)   251
Donnés ou achetés avec des avoirs de livres   33
Exemplaires donnés aux journaux et exemplaires complémentaires  143
Empruntés et non-retournés 10
Temporairement en prêt        5

TOTAL                                442

Maintenant, la méthode de l’évaluation du prix. Ces livres que j’ai achetés, je les ai comptés à leur prix neuf, au prix le plus proche que j’ai pu estimer. J’ai aussi compté les livres au prix neuf ceux qui m’avaient été donnés, et ceux que j’ai temporairement empruntés, ou empruntés puis gardés. C’est parce que le don de livres, l’emprunt de livres et le vol de livres reviennent plus ou moins à la même chose. Je possède des livres qui ne m’appartiennent pas strictement parlant, mais beaucoup d’autres personnes ont aussi des livres à moi : par conséquent, les livres que je n’ai pas payés peuvent être pris en compte pour équilibrer ceux pour lesquels j’ai payés mais que je ne possède plus. D’un autre côté, j’ai compté les exemplaires pour les critiques et les exemplaires complémentaires à moitié-prix. Cela représente ce que j’aurais payé pour eux d’occasion et ils sont pour la plupart des livres que je n’aurais seulement payés d’occasion, si ce n’est rien. Pour les prix, j’ai dû parfois me fier à des hypothèses mais mes chiffres ne seront pas loin. Les prix étaient comme suit :



Pounds            Shillings           d (=Pence)

Achetés :                                          36                    9                      0
Cadeaux                                           10                    10                    0
Exemplaires pour critiques, etc.            25                    11                    9
Empruntés et non-retournés                  4                      16                    9
En prêt                                               3                      10                    0
Etagères                                             2                      0                      0

PERSO JE NE COMPRENDS RIEN A L’ESTIMATION DU PRIX DES LIVRES EN 1946 DE GEORGE.

Ajouté à cela, l’autre lot de livres que j’ai quelque part ailleurs, il semble que je possède en tout près de 900 livres, à un prix de 165 livres et 15 shillings. C’est l’accumulation d’à peu près quinze années. Cela nous amène à 11 livres et 1 shilling par an, mais il y a d’autres charges qui doivent être ajoutées afin d’estimer les dépenses totales de ma lecture. Le plus gros sera pour les journaux et les magazines, et pour cela je pense que 8 livres par an serait un chiffre raisonnable. Huit livres par an couvre le prix de deux journaux quotidiens, un journal du soir, deux journaux du dimanche, un magazine hebdomadaire et un ou deux magazines. Cela augmente le chiffre à 19 pounds et 1 shilling, mais pour parvenir au grand total on doit deviner. De toute évidence on dépense souvent de l’argent en livres sans avoir à le démontrer ensuite. Il y a les souscriptions à la bibliothèque, et il y a aussi les livres, majoritairement les Pinguins et les éditions pas chères qu’on achète et qu’on perd ensuite ou qu’on jette. Cependant, sur la base de mes autres chiffres, il semble que 6 livres par an serait suffisants pour les dépenses de ce genre. Donc mes dépenses totales de livres sur ces quinze dernières années ont été aux alentours de 25 livres par an.
Vingt-cinq livres par an paraît beaucoup jusqu’à ce qu’on commence à comparer avec d’autres types de dépenses. Cela fait à peu près 9 shillings et 9 pence par semaine, et maintenant 9 shillings et 9 pence équivalent à peu près 83 cigarettes (marque Players) : même avant la guerre cela vous aurait payé moins de 200 cigarettes. Avec les prix actuels, je dépense beaucoup plus en tabac qu’en livres. Je fume 158 grammes (6 ounces X 28,35 grammes) par semaine, à une demi-couronne l’once, ce qui fait à peu près 40 livres par an. Même avant la guerre quand le même tabac coûtait 8 pence l’once, je dépensais plus 10 livres : et si fais la moyenne aussi d’une pinte de bière par jour, à six pence, ces deux choses ensemble m’auront coûté près de 20 livres par an. Ce n’était probablement pas beaucoup plus que la moyenne nationale.
En 1938 les gens de ce pays dépensaient près de 10 livres par tête et par an en alcool et en tabac : toutefois, 20 pour cent de cette population étaient des enfants de moins de quinze ans et quarante pour cent étaient des femmes, par conséquent le fumeur et le buveur moyen ont dû dépenser plus de 10 livres. En 1944, la dépense annuelle par tête pour ces deux produits n’était pas moins de 23 livres. Comptons les femmes et les enfants comme précédemment, et 40 livres est un chiffre individuel raisonnable. Quarante livres par an serait juste pour payer un paquet de Woodbines tous les jours et une demi-pinte de blonde six jours par semaine –ce qui n’est pas excessif. Bien sûr, tous les prix ont maintenant augmenté, y compris le prix des livres : il n’empêche que malgré le prix des livres, même si on les achète au lieu de les emprunter et les prendre en un assez grand nombre de périodiques, ne coûte pas plus que le prix combiné des cigarettes et de l’alcool.
C’est difficile d’établir une quelconque relation entre le prix des livres et la valeur de ce que l’on retire. Les « livres » incluent les romans, la poésie, les manuels, les ouvrages de référence, les traités sociologiques et beaucoup d’autres choses, et la longueur et le prix varient d’un livre à l’autre, particulièrement si on achète habituellement des livres d’occasion. Vous pouvez dépenser dix shillings pour un poème de 500 lignes, et vous pouvez dépenser six pence pour un dictionnaire que vous n’allez consulter que de temps en temps sur une période de vingt ans. Il y a des livres que l’on lit et relit encore et encore, des livres qui font partie des meubles à son esprit et d’autres de son attitude entière par rapport à la vie, des livres que l’on touche mais qu’on ne finit jamais jusqu’au bout, des livres que l’on lit d’un seul trait et qu’on oublie une semaine après : et le coût en termes d’argent, doit être le même dans chaque cas.  Mais si on le voit simplement comme une distraction, comme aller au cinéma, alors c’est possible de faire une sommaire évaluation de ce que cela coûte. Si vous lisez seulement des romans et de la littérature « légère », et que vous achetez chaque livre que vous lisez, vous devriez dépenser –en estimant à huit shillings le prix d’un livre, et à quatre heures le temps dépensé à le lire- deux shillings par heure. C’est à peu près ce que coûte pour s’assoir dans un des plus chers sièges de cinéma. Si vous êtes concentré sur des livres plus sérieux et que vous achetez toujours tout ce que vous lisez, vos dépenses seraient à peu près pareilles. Les livres coûteraient plus chers mais ils prendraient plus de temps à lire. Dans chacun des cas vous posséderez toujours les livres après les avoir lus, et ils pourraient se vendre au tiers de leur prix d’achat. Si vous achetez seulement des livres d’occasion, vos dépenses en lecture seraient, bien sûr, beaucoup moindres : peut-être six pence pour une heure serait une bonne estimation. Et de l’autre côté si vous n’achetez pas de livres, mais que tout simplement vous les empruntez à la bibliothèque privée, lire vous coûte à peu près un demi-penny par heure : si vous les empruntez à une bibliothèque municipale, cela ne vous coûte à peu près rien.
J’en ai dit assez pour démontrer que lire est une des distractions les moins chères après écouter la radio, probablement, la moins chère. En attendant, quel est le montant actuel des dépenses en livres du public britannique ? Je ne peux trouver aucun chiffre, bien qu’ils doivent sans doute exister. Mais je sais qu’avant la guerre le pays publiait annuellement 15.000 livres, ce qui incluait les rééditions des manuels scolaires. Si 10.000 exemplaires de chaque livre étaient vendus – et même pour les manuels scolaires, c’est probablement une haute estimation- la personne moyenne n’achète que trois livres par an. Ces trois livres pris ensemble devraient coûter 1 livre ou probablement moins.
Ces chiffres sont des hypothèses, et je devrais être intéressé si quelqu’un pouvait les corriger pour moi. Mais si mon estimation est quelque part juste, ce n’est pas terrible (« a proud record » = un bon compte-rendu ? une bonne réputation ?) pour un pays qui est à peu près 100 pour cent lettré et où l’homme ordinaire dépense plus en cigarettes qu’un paysan indien a pour toute sa vie. Et si la consommation de livres demeure aussi bas qu’elle a été, au moins reconnaissons que c’est parce que lire est un passe-temps moins excitant qu’aller aux courses de chiens, au cinéma ou au pub, et pas parce que les livres, qu’ils soient achetés ou non, sont trop chers.
Tribune, 8 février 1946.



[i] Fire watchers in World War Two were people who went to a high point in their village or town and watched there all night for fires. If they saw a fire they had to report it to the fire department. There would probably be more than one fire watcher if it was a big city that needed watching.
A fire watch is implemented to ensure the fire-safety of a building or area in the event of any act, e.g., hot work, or situation instigating an increased risk to persons or property.   The term "Fire Watch" is used to describe a dedicated person or persons whose sole responsibility is to look for fires within an established area.
Lexique :
Chap : type
Review copies : exemplaires donnés gratuitement aux media afin qu’ils en fassent des critiques dans leurs journaux ou émissions.
Guesswork : hypothèse
Batch : lot
Fairly : assez
Rough : sommaire


« Bookshop memories »

Orwell se souvient de son job de libraire à mi-temps (« Our shop was exactly on the frontier between Hampstead and Camden town », p.11) et explique le business d’une librairie, monde qui l’a dégoûté des livres pendant un bon moment. Trop de livres, trop de poussière et trop peu de gens vraiment passionnés par la (vraie) littérature mais surtout des gens qui achètent des trucs pas chers à offrir ou faciles à lire pour se divertir et des emmerdeurs qui s’ennuient.
« Modern books for children are rather horrible things, especially when you see them in the mass. Personnaly I would sooner give a child a copy of Petronius Arbiter than Peter Pan (…) », p. 10
« (…) of all the authors in our library the one who « went out » the best was - Priestley ? Hemingway ? Walpole ? Wodehouse ? No, Ethel M. Dell, Warwick Deeping, a good second, and Jeffrey Farnol, I should say, third », p.11
En gros, les femmes lisent des trucs à l’eau-de-rose style John Galsworthy et les hommes des histoires policières.
Les grands auteurs classiques du XIXème n’ont aucun succès : Dickens, Thackeray, Austen, Trollope : « nobody takes them out ».
Les auteurs américains n’ont pas de succès non plus, à cause disent les lecteurs, du fait que ce soient des nouvelles, et ils n’ont pas envie de faire l’effort à chaque fois de s’habituer à de nouveaux personnages pour chaque histoire et préfèrent le faire une seule fois pour toute dans un roman.
Orwell dit que ce sont plus les auteurs à blâmer que les lecteurs dans ce cas qui ne complexifient pas assez leurs personnages dans leurs nouvelles, sauf D.H. Lawrence : « whose short stories are as popular as his novels », p.13.
Il explique que le métier de libraire est très difficile, que son patron travaillait soixante-dix heures par semaine en passant son temps à partir en expédition acheter des livres.
« A bookselller has to tell lies about books », p.14
« Nowadays I do buy one occasionnaly, but only if it is a book that I want to read and can’t borrow, and I never buy junk. The sweet smell of decaying paper appeals me no longer. It is too closely associated in my mind with paranoiac customers and dead bluebottles ».
Fornightly, november 1936


Lexique :
Wistful : mélancolique
Spinster : vieille fille  
(merveilleux titre de roman : « The wistful spinster »
Bluebottle : mouche (très joli mot pour une mouche dis donc !)



« Confessions of a Book Reviewer », 
Tribune, 3 May 1946 ; New Republic, 5 August 1946.

Dans cet article (très drôle), Orwell raconte le métier de critique littéraire et explique que 9 fois sur 10, les livres qu’on leur demande de lire sont de la merde, mais que malheureusement, les gens payent pour recevoir des conseils positifs de lecture et non pas des critiques négatives qui ne les aideraient pas.

« In a cold but stuffy bed-sitting room littered with cigarette ends and half-empty cup of tea, a man in a moth-eaten dressing-gown sits at a rickety table, trying to find room for his typewriter among the piles of dusty papers that surround it. He cannot throw the papers away because the wastepaper basket is already overflowing, and besides, somewhere among the unanswered letters and unpaid bills it is possible that there is a cheque for two guineas which he is nearly certain he forgot to pay into the bank. There are also letters with addresses which ought to be entered in his adress book. He has lost his address book, and the thought of looking for it, or indeed of looking for anything, afflicts him with acute suicidal impulses.
He is a man of thirty-five but looks fifty. (…) If things are normal with him he will be suffering from malnutrition, but if he has recently had a lucky streak he will be suffering from a hangover.
(…)
At present it is half past eleven in the morning, and according to his scedhule he should have started work two hours ago.
(…)
His review -800 words, say- has got to be « in » by midday tomorrow. », p.15

« Needless to say this person is a writer. He might be a poet, a novelist, or a writer or film scripts or radio features, for all literary people are very much alike, but let us say he is a book reviewer. », p.16

« They arrived four days ago (les livres à lire), but for forty-eight hours the reviewer was prevented by moral paralysis from opening the parcel. », p. 16

« By four in the afternoon he will have taken the books out of their wrapping papers but will still be suffering from a nervous inability to open them. The prospects of having to read them, and even the smell of the paper, affects him like the prospect of eating cold ground-rice pudding flavoured with castor oil. And yet curiously enough his copy will get to the office in time. Somehow it always does get there in time. At about nine p.m. his mind will grow relatively clear, and until the small hours he will sit in a room which grows colder and colder, while the cigarette smoke grows thicker and thicker, skipping expertly through one book after another and laying each down with a final comment, « God, what tripe ! », p.17

« Until one has some kind of professional relationship with books one does not discover how bad the majority of them are. In much more than nine cases out of ten the only objectively truthful criticism would be : « This book is worthless », while the truth about the reviewer’s own reaction would probably be  « This book does not interest me in any way, and I would not write about it unless I were paid to ». But the public will not pay to read that kind of thing. 
(…)
The best practice, it has always seemed to me, would be simply to ignore the great majority of books and give very long reviews -1000 words is a bare minimum- to the few that seem to matter. »

Lexique :
Moth-eaten : mité (mangé par les mites)
Streak : passe (bonne ou mauvaise)
Encaisser : to pay into the bank (je savais pas que cela se disait comme ça)
Parcel : paquet (faux-ami)
What tripe ! : quelles conneries ! (peut-être « quelle merde ! » dans le contexte).
Downtrodded : opprimé, tyrannisé.
Nerve-racked : à fleur de peau


« The Prevention of Literature ».

Article très énervé contre la dictature de la pensée du régime communiste et pour la liberté de la presse. On sent que cette profonde colère, qui date de 1946, est à l’origine de 1984. Article inégal (parfois répétitif) dont de magnifiques passages toujours aussi pertinents aujourd’hui qui donnent du courage à tout être qui pense dans cette société de merde dont la seule logique est économique. Il dénonce non pas les tyrans, mais ceux qui sont censés réagir dans les intérêts du peuple : les écrivains et les journalistes, précisément.
Un article essentiel pour forger un esprit critique de n’importe quelle génération.

« (…) freedom of the press, if it means anything at all, means the freedom to criticize and oppose », p.21.

« Any writer or journalist who wants to retain his integrity finds himself thwarted by the general drift of society rather than by active persecution. The sort of things that are working against him are the concentration of the press in the hands of a few rich men, the grip of monopoly on radio and the films, the unwillingness of the public to spend money on books, making it necessary for nearly every writer to earn part of his living by hack work, the encroachment of official bodies like the M.O.I. (Ministry of Information) and the British Council, which help the wirter to keep alive but also waste his time and dicdate his opinions (…) », p.22.

« In the past, at any rate thoughout the Prostestant centuries, the idea of intellectual integrity were mixed up. A heretic –political, moral, religious, or aesthetic- was one who refused to outrage his own conscience. His outlook was summed ip in the words of the Revivalist hymn :

Dare to be a Daniel,
Dare to stand alone ;
Dare to have a purpose firm,
Dare to make it known.

To bring this hymn up to date one would have to add a « Don’t » at the beginning of each line. For it is the peculiarity of our age that the rebels against the existing order, at any rate the most numerous and characteristic of them, are also rebelling against the idea of individual integrity. « Daring to stand alone » is ideologically criminal as well as practically dangerous. The independance of the writer and the artist is eaten away by vague economic forces, and at the same time it is undermined by those who should be its defenders. It is with the second process that I am concerned here. », p. 23

« Here I am not trying to deal with the familiar claim that freedom is an illusion, or with the claim that there is more freedom in a totalitarian countries than in democratic ones, but with the much more tenable and dangerous proposition that freedom is undesirable and that intellectual honesty is a form of antisocial selfishness. », p.24

« The enemies of intellectual liberty always try to present their case as a plea for discipline versus individualism. (…) the writer who refuses to sell his opinions is always branded as a mere egoist. He is accused, that is, either of wanting to shut himself up in an ivory tower or making an exhibitionist display of his own personality, or of resisting the inevitable current of history in an attempt to cling to injustified privileges. », p.25

« Freedom of the intellect means the freedom to report what one has seen, heard, and felt, and not to be obliged to fabricate imaginary facts and feelings. », p.25

« When German collapsed, it was found that very large numbers of Soviet Russians –mostly, no doubt, from non-political motives- had changed sides and were fighting for the Germans. Also, a small but not negligible proportion of the Russian prisoners and Displaced Persons refused to go back to the U.S.S.R., and some of them, at least, were rapatriated against their will. These facts, known to many journalists on the spot, went almost unmentioned in the British press, while at the same time russophile publicists in England continued to justify the purges and deportations of 1936-8 by claiming that the U.S.S.R., « had no quislings ». The fog of lies and minsiformation that surrounds such subjectfs as the Ukraine famine, the Spanish Civil War, Russian policy in Poland, and so forth, is not due entirely to conscious dishonesty, but any writer or journalist who is fully sympathetic to the U.S.S.R. (…) does have to acquiesce in deliberate falsification on important issues. », p. 26-27

« It is pointed out that all historical records are biassed and inacurrate, or, on the other hand, that modern physics has proves that what seems to us the real world is an illusion, so that to believe in the evidence of one’s senses is simply vulgar philistinism. (…) Already there are countless people who would think it scandalous to falsify a scientific text-book, but would see nothing wrong in falsifying an historical fact », p.29

« (…) let me repeat what I said at the beginning of this essay ; that in England the immediate enemies of truthfulness, and hence of freedom of thought, are the press lords, the film magnantes, and the bureaucrats, but that on a long view the weakening of the desire for liberty among the intellectuals themselves is the most serious symptom of all », p.29

« But after all, how is it that books ever come to be written ? Above a quite low level, literature is an attempt to influence the viewpoint of one’s contemporaries by recording experience. And so far as freedom of expression is concerned, there is not much difference between a mere journalist and the most « unpolitical » imaginative writer. », p.31

« And the destruction of intellectual liberty cripples the journalist, the sociological writer, the historian, the novelist, the critic and the poet, in that order. », p.36

Il imagine le future : « (…) it is doubtful even now whether the great mass of people in the industrialized countries feel the need for any kind of literature. They are unwilling, at any rate, to spend anywhere near as much on reading matter as they spend on several recreations. Probably novels and stories will be completed superseded by by film and radio productions. Or perhaps some kind of low-grade sensational fiction will survive, produced by a sort of conveyor-belt process that reduces human initiative to the minimum », p. 37 
Quelle clairvoyance incroyable !! Heureusement qu’Arte et quelques fictions américaines excellentes co-existent avec les émissions de télé-réalité d’aujourd’hui !!

Les idées qui fondent 1984 sont à la page 38 mais je ne vais pas les recopier.

« The direct, conscious attack on intellectual decency comes from the intellectuals themselves. », p.39

« When one sees higly educated men looking on indifferently at oppression and persecution, one wonders which to despise more, their cynism or their shortsightedness”, p.39

A propos du scientifique : « Meanwhile, if he wants to safeguard the integrity of science, it is his job to develop some kind of of solidarity with his literary colleagues and not regard it as a matter of indifference when writers are silenced or driven to suicide, and newspapers systematically falsified. », p.40
« (…) the fact that a bought mind is a spoiled mind », p.41

« At present we know only that the imagination, like certain wild animals, will not breed in captivity. Any writer or journalist who denies that fact-and nearly all the current praise of the Soviet Union contains or implies such a denial- is, in effect, demanding his own destruction. »

Polemic, Number 2, January 1946.


Lexique :
Thwarted : déçu (amour, situation) / déjoué (plan, machination, complot), ici « déçu ».
Hack : (péjoratif) écrivaillon ; ici : « de paperasse ».
At any rate : en tout cas (ailleurs : de toute façon)
Plea for : appel à
Cling to : se cramponner à
Supplanté : superseded
Quisling : collaborateur
Shortsightedness : myopie
Doomed : condamné