Un blog pour se remuer les neurones et se secouer les fesses !
Un blog pour encourager tous ceux qui n'ont pas envie de se laisser aller avec non-garantie de succès, ni pour eux, ni pour moi-même. ;-)

jeudi 23 décembre 2010

Tristes revanches, Yoko Ogawa, 1998 (JPN)


Tristes revanches, Yoko Ogawa, 1998.
**décevant.

Critique : aucune histoire ni émouvante ni marquante, une grosse déception par rapport à « La petite pièce hexagonale ». On reste dans le « vaguement triste », le vaguement mélancolique.
Trois nouvelles sortent du lot toutefois à mon sens : « Un après-midi à la pâtisserie » ; « Jus de fruit » et « L’homme qui vendait des corsets » dans la mesure où le narrateur est vraiment attaché à ce qu’il raconte ce qui rend la description du personnage tiers plus émouvante.
Une autre chose bien, c’est le détail dans une nouvelle qui fait référence à une autre nouvelle et du coup ça crée un lien soit pertinent, soit purement artificiel et donne une perspective cinématographique intéressante à l’ensemble.

Un après-midi à la pâtisserie : Une mère ne se remet pas du deuil de son fils âgé de six ans mort il y a douze ans dans un réfrigérateur. Elle va donc chaque année acheter deux fraisiers à la crème en laissant pourrir la part de son fils. En voyant la vendeuse absente pleurer de l’autre côté et sans en savoir la cause, elle se souvient de son fils et du jour où son mari l’a quittée. C’est une nouvelle qui donne furieusement envie d’un fraisier à la crème. C’est légèrement émouvant.

Jus de fruit : Une jeune collégienne demande à un jeune homme de l’accompagner à un déjeuner avec son père dont elle est la fille illégitime : sa mère va mourir et elle doit préparer son avenir, mais elle ne veut pas y aller seule. Son rôle est donc d’être l’escort boy du déjeuner.  Le repas à trois est une torture de blancs silencieux mais le narrateur lui-même à l’extérieur n’arrive pas à lui prodiguer des mots de réconfort. Ils trouvent tous les deux sur le chemin du retour une poste désaffectée avec des tonnes de kiwis à l’intérieur. Elle s’en gave à n’en plus finir, le jus des fruits faisant office de larmes. Des années plus tard, en apprenant la mort du père, il appelle la fille qui se met à beaucoup pleurer au téléphone : ce ne sont pas les larmes du présent mais du passé, celles que le jus des kiwis avait remplacées. C’est légèrement émouvant.

La vieille femme J. : C’est l’histoire la plus naze parce qu’a dû être écrite un milliard de fois. Une femme écrivain se fait envahir par une vieille voisine collante qui semble toute faible, toute petite et offre les légumes de son potager à tous ses voisins préférés de l’immeuble. Or cette femme a une force monumentale quand elle fait des massages. Ses nouvelles carottes sont en forme de main à cinq doigts. Elle passe dans le journal régional photographiée avec ses carottes extraordinaires en compagnie de la jeune femme écrivain, obligée de poser contre son gré. On apprend plus tard que la vieille dame avait tué son mari découvert enseveli sous le potager sans ses mains. C’est donc une « triste revanche », mais on ne sait pas de quoi.

L’esprit du sommeil : Un homme apprend la mort de sa mère adoptive entre ses dix et douze ans. Il se souvient alors d’elle et de leur sortie au zoo ensemble avec nostalgie. C’est une femme qui monologuait souvent, qui écrivait aussi, sans être publiée. Elle est morte sur son bureau dans la paranoïa qu’on lui vole ses manuscrits. La dernière photo qu’il trouve d’elle est en compagnie d’une vieille dame et d’une carotte à cinq doigts, le visage embarrassé. « L’esprit du sommeil » de Brahms est évoqué, mais je ne vois pas le rapport, ne connaissant pas le morceau en question, à écouter donc.

Blouses blanches : Une sous-secrétaire décrit le comportement de sa secrétaire en chef qui lui parle sans arrêt de son amant, un médecin universitaire marié, le professeur « Y » (apprendra t-on dans la nouvelle suivante). Elle l’admire physiquement et l’idéalise professionnellement beaucoup jusqu’au jour où cette dernière commet un impair et lui attribue l’erreur à son supérieur. A la fin, le mythe de la belle secrétaire parfaite disparaît puisqu’elle lui confie qu’elle a tué son amant, sa gorge, sa langue, organes responsables de ses mensonges. C’est une « triste revanche ».

Faufilage d’un cœur : l’Histoire d’une femme seule dont la seule passion qui lui permet de se sentir exister est la création de sacs originaux. Un jour elle rencontre une femme qui demande un sac pour transporter son cœur qui se trouve à l’extérieur de son corps. Elle travaille très dur sur ce sac en peau de phoque, mais la cliente lui annonce au dernier moment qu’elle va se faire opérer et qu’elle n’en a plus besoin. La créatrice au lieu d’être heureuse pour sa cliente qui vivait dans la souffrance en permanence, ne pense qu’à son sac sur lequel elle a passé des jours et des jours et qui ne servira plus à rien. Alors elle se rend à l’hôpital pour arracher le cœur de cette cliente avant même qu’elle n’ait pu se faire opérer. C’est une « triste revanche ».

Bienvenue au musée des supplices : C’est une apprentie coiffeuse de 18 ans qui agace son petit-ami parce qu’elle se réjouit à l’idée de passer à la télé témoigner sur la meurtrière du professeur Y, sa maîtresse. Elle est triste et se retrouve à l’entrée du musée des supplices dont le gardien lui explique le fonctionnement de chaque instrument de torture (deux essentiellement sont à retenir : celui de la goutte d’eau et de la coupe de cheveux un à un à cause de leur intermittence). Il lui explique que chaque instrument ayant servi est accepté dans le musée, comme par exemple ce sac en peau de phoque qui a servi à torturer un cœur. Comme elle est coiffeuse, elle a l’idée de se venger de son petit-ami qui est parti de chez elle en la laissant toute seule, avec le supplice de la coupe de cheveux un à un. C’est donc un projet de « triste revanche ».

L’homme qui vendait des corsets : Est le gardien du musée des supplices vu avec affection par son neveu. On apprend donc que c’était un petit escroc, un petit filou, un bon à rien, qui a fini mort écrasé par des tas d’objets inutiles. Légèrement émouvant car on sent l’affection sincère du neveu pour son oncle et vice versa.

Les derniers instants du tigre du Bengale : C’est la femme du professeur Y qui veut voir sa maîtresse, la secrétaire. Mais elle se perd et finit dans une villa où est en train de mourir un tigre dans les bras d’un vieillard (qui est le gardien du musée des supplices ; l’homme qui vendait des corsets). Elle les laisse tranquilles et reprend sa voiture. Sur le chemin du retour toutes les tomates qu’elle avait vues et écrasées avec les pneus de sa voiture à l’aller ont disparu du pont.

Les tomates et la pleine lune : Un journaliste trouve dans sa chambre d’hôtel, une inconnue et son chien. Elle ne va pas arrêter de le suivre partout. C’est la dame écrivain, c’est la maman adoptive du petit garçon de 10 à 12 ans, du zoo. Elle a ramassé des tomates sur le pont qu’avait fait tomber un camion et les a données au restaurant de l’hôtel. Elle porte toujours sur elle un paquet en le présentant comme un manuscrit précieux. Elle dit qu’elle a publié : « Un après-midi à la pâtisserie », mais il ne la reconnaît pas sur la photo de couverture. Il finit par s’habituer positivement à sa présence, mais elle disparaît soudainement en laissant le paquet si précieux : il l’ouvre et n’y trouve qu’une ramette de papier blanc, vierge.

Herbes vénéneuses : Une vieille dame qui donne son argent pour la bourse d’un jeune musicien le harcèle un peu moralement : elle en est amoureuse. Au point de lui interdire de se rendre à l’anniversaire de sa petite-amie, c’est la goutte et malgré son rendez-vous personnel annulé, il finit par ne plus vouloir de son argent et de ne plus la voir. Elle finit par mourir dans ou devant un réfrigérateur (pas très compréhensible) après avoir mangé des herbes vénéneuses (idem).

Offert par un amant un lundi de décembre 2010 devant ma porte sur mon paillasson.