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mercredi 25 décembre 2019

RAISINS DE LA COLERE DE STEINBECK : POURQUOI LA MERE BRULE DES BIJOUX AU CHAPITRE 10 ?

Au chapitre X, p. 152-153, Editions Gallimard, la mère au moment des préparatifs pour le départ, tombe sur une boîte de souvenirs : des lettres, des photos et des bijoux dont un bouton de manchette en or. "Elle prit la bague, la breloque, les boucles d'oreille, fouilla dans le fond de la boîte et trouva un bouton de manchette en or". Elle rassemble ces bijoux  soigneusement dans une enveloppe et la met dans la boîte qu'elle brûle. Quand on sait qu'ils n'ont obtenu que 18 dollars en vendant toutes leurs affaires dans le même chapitre et qu'ils en sont eux-mêmes blessés et énervés, c'est un peu choquant, voire rageant. 
Alors oui, bien sûr, on a compris qu'il fallait "moving forward" et faire fi du passé, se passer de sentimentalisme et de nostalgie mais tout de même : brûler ces bijoux dont ce bouton de manchette en or n'a pas de sens SAUF SI l'or n'avait aucune valeur à l'époque or on associe les Etats-Unis à la ruée vers l'or pour quelques pépites et ce minerai reste l'unité de mesure de l'argent matériel d'une banque de nos jours. Enfin, les bijoux, hormis "la breloque" restent des bijoux : ils ont une valeur matérielle.

La question que je me pose est à moitié rhétorique, évidemment.
Je comprends qu'il vaut mieux les détruire que d'en tirer profit, que ce serait souiller les souvenirs et mépriser soi-même.
Néanmoins, si on veut vraiment ne plus attribuer de valeur sentimentale à ces bijoux, pourquoi ne pas les réduire à leur pure valeur matérielle, précisément ?
Parce que ce serait insulter les souvenirs ?
Parce que les détruire est une forme de respect.

Je pense à la bague en or blanc du Louvre qu'Aurélien m'a offerte "juste pour te dire je t'aime" et qui est le plus beau cadeau d'amour qu'on m'ait jamais fait de ma vie tant il était symbolique (poisson de l'Antiquité, signe des Chrétiens entre eux durant les persécutions, Aurélien était poissons et historien) et gratuit. 
La bijouterie Arthus Bertrand de Saint-Germain-des-Prés avait déjà eu la gentillesse de me la refaire à ma taille mais elle s'est cassée car trop fine.
Je l'ai portée pendant des années pour me donner du courage à vivre.
Une fois cassée, j'ai compris qu'il fallait tourner la page. Faire le deuil, vraiment.
Espérer un amour nouveau, sans la force inspirée par le souvenir de l'ancien.
Mais aujourd'hui encore, 12 ans après, je me demande si je n'ai pas besoin de réparer cette bague de nouveau pour me donner le courage de vivre de nouveau. Je n'aurai aimé avec toute la puissance de mon innocence et de ma foi démesurée en la vie que deux fois. DEUX FOIS. Jamais de façon plus innocente que la première et jamais aussi profondément que la deuxième.
Aujourd'hui, à quarante ans, ce n'est mathématiquement plus possible si l'on considère que la somme d'expérience me condamne à une extra lucidité et un esprit critique antithétiques avec l'innocence et la foi.

Bref. J'ai trouvé ma question en anglais dont je me contente de faire le copié-collé (il faut payer pour en savoir plus, cela ne m'intéresse pas). Rien en français.

In the "Grapes of Wrath" what does Ma's burning of the old stationary box illustrate? (déjà l'évocation des bijoux n'est pas dans la question).
Expert Answers info
LUANNW | CERTIFIED EDUCATOR
In chapter 9, one of the interchapters, the narration asks: " How can we live without our lives? How will we know it's us without our past? No. Leave it. Burn it." Then in the next chapter, before the family sets off on the trip to California, Ma goes through things one last time and goes through the old box of stationery that also held some possessions such as clippings, photos, earrings, etc. She lovingly went through the box, choosing just a few tiny items,...
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