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vendredi 18 mai 2012

Coppélia : L’être parfait idéalisé qu'on aime versus l’être imparfait réel que l’on n’aime pas.


Avec Richard ; Petra ; Elinor ; Terry et Deepa.

Le vendredi 18 mai 2012, Opéra d’Astana.

Inutile de prétendre que j’ai compris l’histoire uniquement grâce à la magie de la danse : c’était un vendredi, jour où je ne sors pas d’habitude tant je suis fatiguée en fin de semaine ; sans compter que je n’aime pas l’opéra et les ballets en général anyway. Néanmoins, grâce à notre encyclopédie internationale polyglotte Wikipédia, nous avons pu, Richard et moi, savoir de quoi il s’agissait : dommage que nous n’ayons pas eu le temps de la consulter avant.

Coppelia un « ballet créé à la base par un Français : Arthur Saint-Léon, sur un livret de Charles Nuitter, musique de Léo Delibes, d'après le conte d'Hoffmann L'Homme au sable, représenté pour la première fois à l'Opéra de Paris le 25 mai 1870 ».

Mais je suppose que nous avons vu la version de 1884 d’un autre Français : Marius Petipa, expatrié en Russie toute sa vie. Because : « Modern-day productions are traditionally derived from the revivals staged by Marius Petipa for the Imperial Ballet of St. Petersburg in the late 19th century. Petipa's choreography was documented in the Stepanov method of choreographic notation at the turn of the 20th century”. (Wikipédia*)

RESUME DE L’HISTOIRE DE COPPELIA : L’histoire se passe au XIXème siècle, dans un pays d’Europe centrale où la culture hongroise est présente. Il est promis par la ville que le premier couple qui se mariera aura une récompense financière.

Il était une fois un jeune homme, Frantz, qui un jour aperçoit ce qu’il croit être une femme à travers la fenêtre et en tombe éperdument amoureux, alors qu’il est sur le point d’épouser sa fiancée Swanilda, qui elle, l’aime sincèrement.

Or celle-ci ne peut être que très jalouse et malheureuse car Frantz passe le plus clair de son temps à contempler cette autre femme à travers la fenêtre qui pourtant, ne fait que lire pendant des heures sans bouger.

Autrement dit, il aime, non pas un être qu’il connaît, mais une idée qu’il s’est faite d’un être basé sur sa pure apparence : ce qui est le cas de Don Quichotte pour sa Dulcinée (Don Quichotte, Cervantes) ; Swann pour Odette (Un amour de Swann, Proust) ; Emma pour Rodolphe (Madame Bovary, Flaubert) et Roberto pour Laïdé (Un amour de Dino Buzzati) ; etc. Ces personnages aiment des illusions, des êtres inanimés qu’ils animent par leur amour passionné, mais qui n’existent absolument pas tels qu’ils l’imaginent.

« Still upset with Franz, Swanhilde shakes an ear of wheat to her head: if it rattles, then she will know that Franz loves her. Upon doing this however, she hears nothing. When she shakes it by Franz's head, he also hears nothing; but then he tells her that it rattles. However, she does not believe him and runs away heartbroken.” (Wikipédia)

Traduction d’une superstition populaire d’Europe centrale : si elle secoue un épi de blé sur sa propre tête et qu’elle entend du bruit, cela signifie que la personne qu’elle aime l’aime de façon réciproque ; or elle n’entend rien. Elle fait le test à Frantz qui n’entend rien non plus mais prétend le contraire. Elle comprend qu’il ment, aime l’autre femme et s’en va en courant, le cœur brisé.

Frantz décide de s’introduire chez Coppélius afin de revoir celle qu’il aime « vraiment ». Le vieil homme l’invite à boire un breuvage soporifique afin de lui ravir son âme pour animer sa poupée.

Cette dernière s’anime soudainement comme par magie, mais il s’agit en réalité d’une deuxième illusion : c’est Swanilda qui imite le mouvement mécanique des poupées avant de les briser toutes et de s’enfuir avec Frantz, l’homme qu’elle aime et qu’elle veut récupérer.

A la fin, ils se marient comme prévu, mais Frantz n’a pas l’air plus amoureux qu’au début. Coppélius réclame des dommages et intérêts pour les dégâts occasionnés chez lui. Swanilda propose sa dot ; le père propose son argent et c’est finalement le Maire qui paye avec la récompense promise de la ville au premier couple qui se marierait.

MORALITE : il faut apprendre à se défaire de ces amours passionnés pour ces êtres qui ne le méritent absolument mais qui ne sont en aucun cas coupables non plus de notre sublimation opérée sur eux. A contrario, il faut apprendre à connaître et donner une chance aux êtres qui ne récoltent que notre indifférence parce qu’ils ont le malheur d’être disponibles pour nous. Ils sont certes imparfaits, mais au moins, ils existent et sont tels qu’ils sont et pas tels qu’on se l’imagine.

CONCLUSION : Ce conte d’Hoffmann mérite d’être d’abord d’être lu puis offert en cadeau à tous ceux qui sont incapables d’aimer des êtres réels parce qu’ils courent après des êtres sublimés par leur propre imagination qui n’existent pas.

*Michel-Victor-Marius-Alphonse Petipa, en russe Marius Ivanovitch Petipa Мариус Иванович Петипа, né à Marseille le 11 mars 1818 et mort à Gourzouf en Crimée le 14 juillet 1910, est un danseur, maître de ballet et chorégraphe français qui passa, de 29 ans à sa mort, toute sa vie en Russie.