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dimanche 7 avril 2019

"Un dîner très original" suivi de "La Porte" de Fernando Pessoa, 1907, Portugal.


« Je serai toujours celui qui attendait qu’on lui ouvrit la porte au pied d’un mur sans porte »

Alvarès de Campo « Bureau de tabac ».

Un dîner très original. A very original dinner.

Pseudonyme : Alexander Search, 1907 (June).

Nouvelle à ambiance Edgar Allan Poe.

Protagoniste principal : Prosit.

Conseil : ne lisez jamais aucun résumé de cette nouvelle, cela gâcherait votre plaisir de la découvrir. Anecdote : en me maudissant de connaître la suite, j’ai quand même poussé un cri d’effroi dans le R.E.R. entre Paris et le Vésinet. Ce qui est déceptif pour une gourmande comme moi, c’est que cette nouvelle ne parle absolument pas de plats ou de cuisine.

Je ne peux donc hélas rien vous résumer.

Pessoa l’a écrite à 19 ans.


La porte. The Door, March 1906. October 1907. 
« A dead nothing locked with a coffin of myself ».

La porte est une monomanie qui conduit le narrateur à la folie.

« Peut-on affirmer avec une absolue conviction que ces malheureux, du fait de leurs délires et de leurs angoisses, ne sont pas au plus près des raisons et des causes résidant au cœur des choses ? ».

Extrait d’une fiction dont on n’a qu’un fragment intitulée : « Voyage spirituel ».

« Toutes les formes de folie sont des formes de vision lucide. Ce sont les sains d’esprit qui sont aveugles ou ont l’âme confuse. Devenir fou, c’est cheminer vers le mystère, l’apercevoir de loin. Devenir fou, c’est commencer à vivre. Qui possède l’intuition de la vie – du mystère ? Les hommes de génie. Et que sont-ils ? Des hommes sur la voie de la folie, des fous incomplets », p.100

« Ceux qui dans leur instinct vont au-delà de la place qui est leur est assignée sur l’échelle de l’évolution, ceux qui, s’étant révoltés contre la normalité, ont accédé intérieurement et sans le savoir au mystère de l’univers, pourquoi ne pourraient-ils pas aller plus avant dans leur connaissance-au-delà de ce qu’ils sentent et qui est la source même de leur affliction ? Si un chien pensait comme nous (hypothèse inenvisageable) , ses semblables ne verraient-ils pas en ce compagnon un fou ? Ne le chasseraient-ils pas ? Éventuellement, n’iraient-ils pas jusqu’à le tuer ? Bien sûr qu’ils le tueraient (qui en douterait un seul instant?) - alors que leur victime serait plus près de la vérité. Il en va de même pour nous. (…) les hommes qui en savent plus que leurs semblables souffrent d’inhabituelles angoisses, sont hantés par des spectres et des songes. De même que le chien, s’il pensait, en raison de ses facultés limitées au regard de son instinct humain, ne saurait pas qu’il pense et ne ferait rien d’autre que sentir qu’il pense, les fous, sachant plus que les autres, sentent qu’ils savent, mais au prix d’horreurs qu’ils ne peuvent exprimer, d’angoisses qu’ils ne peuvent nommer ». p.101-102

« Imaginez un homme plaisant et bien élevé, que vous connaissez comme tel ; quant à moi, je le connais mieux et sais pertinemment qu’il est mauvais, car telle est bien sa personnalité, en réalité. Lorsque je vous dirai qu’il est mauvais, je passerai pour fou à vos yeux, et cela parce que je vois plus loin que vous. Ce n’est pas que mon entendement aille au-delà de la vérité ; c’est le vôtre qui reste en-deçà »., p. 102-103.