Un blog pour se remuer les neurones et se secouer les fesses !
Un blog pour encourager tous ceux qui n'ont pas envie de se laisser aller avec non-garantie de succès, ni pour eux, ni pour moi-même. ;-)

mardi 29 octobre 2013

POEME : L'OR HUMAIN.


On m'a demandé : Étrangère,

Qu'es-tu venue chercher dans ce pays

Où la femme ordinaire est couverte de la tête aux pieds,

Qu'il fasse chaud ou qu'il fasse froid ;

Où les enfants pauvres travaillent beaucoup mais ne rêvent pas ou plus ;

Où les enfants riches rêvent beaucoup mais ne travaillent pas ;

Où les hommes violent ton âme à cause d'un bras nu ;

Où les gens ne sont pas convaincus que deux et deux fassent quatre,

Mais que si Dieu le veut, inch'Allah, qu'il en soit ainsi et Al hamdoulillah !

Où des chats par centaines, le poil et les yeux malades,

Se nourrissent des déchets jetés dans la rue ;

Où le bruit incessant des klaxons t'obstrue les tympans ;

Où prendre un taxi est quasiment une tentative de suicide ;

Où la poussière obscurcit ta maison, tes pieds et ta vue ;

Où la liberté de penser par soi-même est une triste inconnue ?
 
J'ai répondu : Frère,

Je suis venue chercher dans ton pays des trésors humains.

Je suis venue chercher des frères et des sœurs

De pensées et de cœur,

Pour démontrer par l'expérience de l'Amitié,

Que ni la nationalité, ni la culture, ni la couleur,

Ni la religion n'ont une quelconque importance.

Je suis venue chercher des preuves humaines

Que l'humanité avait bel et bien un sens

Et qu'il était grand et beau ;

Je suis venue chercher des cadeaux de chair et de sang,

Dont je ne connais encore ni la forme ni le nom,

Mais dont j'ai toujours connu le fond.

Je suis venue rencontrer des êtres rares et chers,

Dont l'Âme n'est pas à vendre ;

Certes disséminés mais présents

Au milieu de cette masse informe et absurde de moutons

Bêlant involontairement jour et nuit.

Diplômés ou non ; riches ou pauvres.

Ils sèment sans doute l'humanité avec plus de difficulté,

Mais ils sont là, tout à fait là, je les sens.

L'intelligence du cœur est internationale

Et n'offre pas de diplômes de certification

Autres que ceux de la Vie.

Ceux que je recherche n'aiment pas le bruit,

Épris de liberté, de justice, d'amour, de musique et de poésie,

Ils sont souvent prisonniers par le carcan de leur gouvernement

Ou bien de leurs croyances et leurs traditions.

Je suis venue chercher l'Or humain dans ton pays

Que tu peux nommer à ta guise Humanité.

Malheureusement je suis parfois confrontée

À mes propres faiblesses :

Mon manque de patience et ma propre intolérance

M'empêchent parfois de le trouver plus facilement.

Que cela ne tienne. J'y travaillerai moi-même.

Je ne repartirai pas sans l'avoir trouvé.

Et crois-moi, Allah n'aura rien à voir là-dedans.


Le Caire, mardi 29 octobre 2013, 23h35.

dimanche 25 août 2013

LE THÉORÈME DE NÉFERTITI à l'IMA : UNE EXPO PASSIONNANTE DÉCEVANTE.



Théorème de Néfertiti
à l'IMA, l'Institut du Monde Arabe

avec Sabine
Le dimanche 25 août 2013




Quoi ?
Une exposition ambitieuse qui s'interroge sur les divers mécanismes qui conduisent un objet d'art à accéder au rang d'icône culturelle.
Cette exposition a pour objectif de donner un esprit critique au public sur ces icônes.
L'explication plus détaillée ici : http://www.imarabe.org/exposition-ima-9175
En vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=AN0ox3hKpjw

Comment ?
En diverses sections : l'artiste ; le musée et le public.

Commentaire :

Une exposition qui soulève une problématique intéressante à la base : "Comment un objet d'art devient-il une icône culturelle ?" et souligne à travers elle, le fait que bien souvent, le public perd de vue l'objet d'art en tant que tel ; mais aussi l'artiste ; sa démarche personnelle et le contexte politique, social et idéologique dans lequel il a créé son œuvre d'art.

C'est donc une exposition qui s'annonçait très pédagogique pour le public...Hélas, très décevante ! Précisément parce que je n'ai pas appris davantage sur l'intention personnelle de chaque artiste lorsqu'il a fait usage d'une icône culturelle.

Cette exposition prétend donc insuffler un esprit critique au public, donc lui faire prendre conscience de son ignorance : très bien, mais ne lui donne pas davantage de clefs pour qu'il retrouve le sens originel des œuvres !

À quelques exceptions près, j'ai plutôt vu des réponses visuelles brutes dénuées de tout contexte historique/politique développé, à cette problématique : "Comment les artistes entretiennent-ils une icône culturelle à travers leurs œuvres d'art ?"

Par ailleurs, cette exposition m'a permis d'apprécier des œuvres et de découvrir des artistes que je ne connaissais pas et c'est en faisant des recherches personnelles sur eux que j'ai parfois un peu mieux compris les intentions de l'exposition...que je ne trouve donc pas pédagogique pour un sou.

Enfin, je suis heureuse de savoir qu'il existait un mouvement surréaliste égyptien et francophone au Caire : "Art et Liberté". Cela donne envie de reprendre le flambeau.


Exemples dans l'ordre anti-chronologique :


1) Vik Muniz, Tupperware Sacorphagus object (relicario), 2010. J'adore !

L'œuvre parle d'elle-même : le corps du défunt (un pharaon ; nécessairement un noble) autrefois conservé pour de hautes raisons spirituelles et selon des rites funéraires complexes est ici totalement désacralisé puisqu'il est comparé implicitement à de la nourriture périssable que l'on conserve simplement et rapidement au frigidaire. Ce décalage a un effet comique.

Cette désacralisation de la momification nous remet également -tous- à notre place et en même temps, l'objectif de la conservation de la chair humaine à des fins spirituelles demeure : c'est ce qui est immuable.

Vik Muniz est un artiste brésilien contemporain né en 1961 à Sao Paulo au Brésil et vit à New-York.

Son site : http://vikmuniz.net

Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Vik_Muniz











2) Mohamad Said Baalbaki , Pegasus (greek mythology) / Al buraq (Islam), 2008.

Cet artiste libanais a eu l'idée de faire des reconstitutions du squelette d'un animal que n'arrivaient pas à déterminer deux scientifiques allemands à partir des os trouvés lors d'une fouille archéologique à Jérusalem, à la veille de la première guerre mondiale.

L'un pensait qu'il s'agissait d'un cheval souffrant d'une déformation au dos. L'autre d'un oiseau. Et plus précisément un animal mythologique : Pégase dans la mythologie grecque ou Al buraq dans l'Islam.

L'artiste entretient ce mythe légendaire en confondant art et mise en scène scientifique d'époque.

Mohamad Said Baalbaki travaille entre Beyrouth où il est né et Berlin où il a étudié à la Berlin University of Fine Arts et obtenu son Master en 2008.

http://www.thenational.ae/arts-culture/art/mohamad-said-baalbaki-flights-of-fantasy




3) J & K / Janne Schäfer and Kristine Agergaard : Horus and Anubis in Islamic Cairo, 2006.

Une photo qui provoque spontanément le sourire par le décalage entre des masques de têtes d'animaux déifiés de l'Égypte ancienne, donc des masques que seuls les Pharaons portaient, et la prosaïcité des vêtements des personnes qui les portent aujourd'hui au beau milieu d'un endroit populaire du Caire.

Le sourire, mais aussi le constat amer d'une régression : en effet, le peuple égyptien d'aujourd'hui qui s'approprie en effet sans cesse ce passé prestigieux et vit essentiellement de cela - quitte à raconter n'importe quoi aux touristes occidentaux en y croyant eux-mêmes - souffre d'une crise économique, politique et sociale de plein fouet au sein d'un monde globalisé et uniforme (symbolisé ici par la contrefaçon de la marque Adidas), ayant remplacé des valeurs spirituelles par des valeurs matérielles.

Le rayonnement de la culture égyptienne est loin derrière, c'est un fait. Tout comme le Siècle des Lumières chez nous, en France et en Europe et une photo du même type pourrait être faite : de façon plus violente et moins drôle, des corps avec des masques de grands penseurs à perruques (Voltaire ; Rousseau ; Montesquieu ; Diderot ; d'Alembert), devant l'ANPE, avec des diplômes d'universitaires à la main, devenus inutiles de nos jours.

Horus : Le Dieu-faucon "celui qui est au-dessus" ou "celui qui est lointain" (symbole d'Egypt Air). Caractérisque : double-couronne. Son œil droit est le soleil ; son œil gauche est la lune. Vénéré à Héliopolis (ville du soleil) avec Rê (dieu du soleil). Il se manifeste sous la forme d'un faucon appelé Horakhty. Le pharaon se transforme en faucon pour gouverner.

Anubis : dieu funéraire, maître des nécropoles et patron des embaumeurs. Représenté comme un grand canidé noir couché sur le ventre (chacal ou chien sauvage) ou un homme à tête de chien. Associé aux charognards. Fils de la vache primordiale Hesat ou fils du dieu Rê et de Nephtys (déesse protectrice des morts veillant sur les sarcophages et le vase canope contenant les poumons du mort ; sanctuaire principale à Héliopolis). Il accueille les défunts, les purifie et les momifie.

Janne Schäfer : artiste allemande née en 1976.
Kristine Agergaard : artiste danoise née en 1975.
J & K collaborent ensemble depuis 1999 et ont gagné de nombreux prix.
Leur site : http://artnews.org/schaeferagergaard/artist.php?t_id=4183&s=3




4) Ai WeiWei : Coca-Cola vase, 1997, Vase du néolithique (5000-3000 av. J.-C.) et peinture.
Courtesy Stockamp Tsai Collection, New York.

Quelle est l'intention de l'artiste ? Se limite t-elle à copier Warhol et à nous dire : "Vive le pop art, l'art pour tous" ? ; à nous faire comprendre que la culture est vivante et qu'il ne faut pas vivre dans le passé ou que les plus belles choses artisanales ancestrales, symboles d'une culture singulière, peuvent être violées par le capitalisme sauvage global dont les multinationales estampillent leur logo partout ?
Je ne connais pas assez bien l'artiste pour cela.

Article : http://gwenart.wordpress.com/2013/06/02/ai-weiwei-and-coke-cola-the-democratizing-or-commercializing-of-art/

Ai WeiWei (28 août 1957) est un artiste contemporain chinois majeur à la fois sculpteur, performer, photographe, architecte, commissaire d'exposition et blogueur.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ai_Weiwei





5) Loriane O Grady (1980-1944): Histoire métisse (Miscegenated Family Album), 1994.

À travers une série de photos, elle met en évidence la ressemblance entre sa sœur et la reine Néfertiti.
(Remarque : Sab a été convaincue par la deuxième comparaison).

http://lorraineogrady.com/miscegenated-family-album

Au-delà de cela, elle appuie la thèse (fortement défendue par les Afro-Américains forcément puisqu'ils sont sans cesse dévalorisés intellectuellement dans leur pays) selon laquelle les Égyptiens étaient des noirs africains (vieux débat aux enjeux racistes encore en cours aujourd'hui sur des forums populaires).

La conclusion est souvent que les divers métissages entre ethnies régnantes ont donné plusieurs types de peau aux Égyptiens à travers les siècles, mais il est vrai que même s'ils étaient fortement basanés (comme aujourd'hui), leurs traits tels qu'ils ont été représentés ne correspondent pas vraiment (= pas du tout) aux caractéristiques physiques des Africains noirs de l'Ouest, mais plutôt à celles des Africains noirs de l'Est, aux traits particulièrement fins et distincts (Soudan ; Éthiopie ; Somalie ; etc.).
La Nubie dans l'Antiquité correspond aujourd'hui au nord du Soudan, au sud de l'Égypte.

Pour approfondir le sujet de façon sérieuse et complexe : http://ema.revues.org/643

Loriane O'Grady est née en 1934 à Boston aux Etats-Unis et d'origine jamaïcaine, plasticienne spécialisée dans les installations vidéo et photos.
Site : http://www.latriennale.org/fr/artistes/lorraine-ogrady
Wikipédia : http://en.wikipedia.org/wiki/Lorraine_O'Grady

Moi aussi j'ai fait le rapport spontané entre Ipek (amie chypriote turque) et le modèle d'un tableau vu à Munich et jamais je n'en déduirai que mon amie est de la même origine que le modèle pour autant. :)






Frappant, non ? Détails d'un tableau de Frantz Von Stuck, peintre symboliste et expressionniste allemand, dont je vous recommande fortement la visite de sa maison-musée à Munich.

http://franz_von_stuck.tripod.com
http://fr.wikipedia.org/wiki/Franz_von_Stuck

Miscegenated : est un terme connoté (ici un adjectif) dans un contexte historique raciste où le métissage était interdit.

http://en.wikipedia.org/wiki/Miscegenation
Miscegenation : a mixture of races; especially : marriage, cohabitation, or sexual intercourse between a white person and a member of another race (Merriam Webster Dictionnary)

Miscegenate : verbe- marry or cohabit with a person of another race.




6) Kees van Dongen, La Marchese Luisa Casati (La Marquise Luisa Casati), vers 1950

La Marchese Luisa Casati (23 janvier 1881-1957): une célébrité originale des années folles (1920-1929) considérée comme une dandy féminine, habituée à se balader partout avec son boa constrictor ; peinte et habillée par les plus grands artistes de son temps, se parait de bijoux Lalique et a inspiré la panthère noire de Cartier.

Elle n'est pas sans rappeler Kiki Montparnasse (figure féminine que j'ai découverte grâce au livre que m'avait offert E. Vieille-Blanchard pour mes 29 ans).

http://www.google.fr/#q=luisa+casati+images

http://www.marchesacasati.com/bio.html

http://www.actualitte.com/critiques-bd/luisa-casati-une-existence-a-inspirer-2024.htm

http://www.vogue.fr/culture/en-vogue/diaporama/sortie-du-livre-la-casati-de-camille-de-peretti/5119#!a-l-occasion-de-la-sortie-de-la-casati-stock-roman-de-camille-de-peretti-retour-sur-le-parcours-d-une-des-plus-grandes-icone-de-mode-du-xxieme-siecle-par-jacques-braustein

http://www.vogue.fr/beaute/exclu-vogue/articles/napoleon-perdis-rend-hommage-a-marchesa-luisa-casati/4871

Kees Van Dongen : "né le 26 janvier 1877 à Delfshaven, dans la banlieue de Rotterdam (Pays-Bas) et mort, à l'âge de 91 ans, le 28 mai 1968 à Monaco" (Wikipédia).

http://alanek.chez.com/GD_bio_F.html
Peintre hollandais précurseur du fauvisme (caractérisé par des couleurs vives), libertaire, anarchiste, ayant fait sa carrière à Paris, où il va dès l'âge de 20 ans. Attiré par le milieu de la prostitution. Il obtient la nationalité française en 1928. Il participe à un voyage politique organisé par le parti nazi ce qui ternira sa réputation. Frère du sculpteur Jean Van Dongen.

Extrait : "Il illustrera entièrement le numéro du 26 octobre 1901, numéro consacré à la vie des prostituées, nommé «Petite histoire pour petits et grands enfants». On retrouve là un thème qu’il avait déjà illustré dans le ‘Rotterdamsche Niewsblad’ et dans le livre de Brusse et qu’il partage avec Toulouse-Lautrec qui mourut cette année-là. On verra dans ses œuvres postérieures que les femmes fardées se prêtaient particulièrement bien à sa palette. L’importance de ces dessins est incontestable dans le développement de ce que l’on appellera plus tard le pré-fauvisme puis qu’ils font de Van Dongen le précurseur du mouvement, précédent en cela Matisse."

N.B. : Il faut que je retrouve ces ouvrages pour mon projet romanesque.




7) Le mouvement "Art et Liberté" fut un mouvement artistique et communiste de locaux francophiles et francophones vivant au Caire dans les années 1930 et surréaliste plus tard autour de la Revue "La part du Sable".

"Toute bureaucratie a besoin que les hommes se ressemblent. A force d'écrire "signes distinctifs : "néant", le bureaucrate persuade sa victime non seulement qu'il n'est rien en elle qui la distingue mais d'abord qu'elle n'a pas à se distinguer.", Georges Henein, in La Part du Sable, revue surréaliste égyptienne, 1947.

"I sowed dragons, I reaped fleas" : j'ai disséminé des dragons ; j'ai récolté des puces"

Cette formule vient de Marx mais je ne connais pas son contexte. En revanche, je suis tombée sur des sites intéressants qui l'exploitaient.

Par exemple :

a) Totalement lié à l'exposition : le surréalisme en Égypte.

"This critical diagnosis of marxism, made by Younan in his anti-dialectical materialist Variations on the Verb to Cover; and published in the first number of La Part du Sable (February 1947), was clarified collectively in their tract Although I sowed dragons, I reap fleas in which the defeats of marxism appeared to them in a large measure as the expression of a mental routine incapable of making room for the reality of a world in a state of becoming. And they ended their tract with the following three slogans, obviously inspired by Max Stirner :

The individual against the tyranny of the state

The imagination against the routine of dialectical materialism

Liberty against all forms of terror. 

They brought out the first number of La Part du Sable, in concord with the International Exhibition of Surrealism 1947. It contained critical and poetical texts in which one senses the movement of their thought away from marxism and all the ready-made propositions of the left. For instance, Younan in his Variations, has pointed out that the slogan Transform the world will lead to nothing more than a transformation of regime, unless it contains an appeal to have done with history once and for all… A trade union or a revolutionary party may, just like a church, act as an “envelope”, a “spare-womb”(22)."

Source : http://www.egyptiansurrealism.com/index.php?/contents/the-nile-of-surrealism/

Du coup, je découvre : Max Stirner (Bavière 1806-1856 Berlin) : philosophe allemand hégélien. Précurseur de l'existentialisme et de l'anarchisme individualiste.

Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Max_Stirner


et b) The Anarchist Library

Dans un article de David atson intitulé : "Swamp Fever, Primitivism & the “Ideological Vortex”: Farewell to All That"
L'auteur se présente : Hello, My Name is David, and I am in recovery from anarcho-primitivism.
"Perhaps Green Anarchist thinks dismantling civilization means IRA-style “spectaculars,” Aum-style home-made gas chambers, or Taliban-style street hangings — all under a primitivist rubric, of course. Marx once said of his epigones that he’d sown dragons only to reap fleas; I find myself wondering whether the few small fleas of reorientation and revolt I helped to plant didn’t contribute to a harvest of dragons — clumsy, toothless, literal-minded, inflated dragons, perhaps, but no less embarrassing and depressing. What we now most need is not a primitivist Weatherman faction with its instrumental fulcrum politics and militaristic glamorization of entropic violence, but an inclusive, non-sectarian, undogmatic, green anarchist movement capable of making its insights understood, and capable, as cartoon character Snappy Sammy Smoot once advised in the 1960s, of smashing the state while keeping a song in its heart and a smile on its lips."

Source: http://theanarchistlibrary.org/library/david-watson-swamp-fever-primitivism-the-ideological-vortex-farewell-to-all-that

Snappy Sammy Smoot : "Snappy Sammy Smoot is a counterculture Candide who never loses his innocence". Source : http://en.wikipedia.org/wiki/Snappy_Sammy_Smoot

Épigone : souvent péj. Successeur (souvent un peu original) dans un parti, une école littéraire ou philosophique. Empr. au gr. (d'où lat. class. Epigoni) littéralement « né après, descendant ». (TLF)


LE MOUVEMENT SURRÉALISTE ÉGYPTIEN "ART ET LIBERTÉ" :

Georges Heinen : surréaliste égyptien (père copte diplomate/mère italienne), ami d'André Breton.
(Le Caire 1914- Paris ? 1973). Contraint à l'exil par l'Égypte pour ses positions antifascistes.
Fondateur de Art et Liberté et de la revue la Part du Sable.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Henein

Edmond Jabès : poète surréaliste égyptien (Le Caire 1912- Paris 1991)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Edmond_Jabès

Ramsès Younane : peintre et écrivain égyptien (Minieh 1913- Le Caire 1966).
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ramsès_Younane

Albert Cossery : écrivain égyptien parisien dont le travail semble avoir été reconnu à plusieurs reprises.
(Le Caire 1913- Paris 2008). Père grec orthodoxe de Syrie.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Cossery


8) DIVERS :







mercredi 1 mai 2013

La piscine (1995), Les abeilles (1995), La grossesse (1999), Yôko Ogawa, Japon.




La piscine (1995), Les abeilles (1995), La grossesse (1999).

Auteur : Yôko Ogawa

Recueil de trois nouvelles (ou romans courts selon certains)

Maison d'éditions : Actes Sud, Collection Babel, 1998.

Titres originaux : Diving pool (1991) ; Dormitory (1991) ; Ninshin Calendar (1991)


Résumé de la piscine :

C'est l'histoire d'une adolescente qui grandit au sein de l'orphelinat de ses propres parents. Elle n'a jamais connu l'âge d'or de l'enfance étant donné que ses parents ont consacré leur vie à des orphelins et ce, depuis qu'elle est née. Ils sont toujours occupés et ne l'écoutent pas, sans cesse préoccupés par les enfants de l'orphelinat. Cette jeune fille est donc malheureuse, jalouse, envieuse et méchante. Mais aussi amoureuse d'un jeune pensionnaire : Jun, qu'elle va voir chaque jour plonger dont le mouvement des muscles et les formes la fascinent littéralement. Elle tente d'empoissonner une toute petite fille avec un gâteau périmé.



Résumé des abeilles :

C'est l'histoire d'une femme qui n'a pas envie de rejoindre son mari expatrié en Suède et se réjouit de l'arrivée d'un de ses jeunes cousins qu'elle s'empresse d'accueillir pendant un certain temps avant de l'aider à s'installer dans le pensionnat pour enfants démunis où elle a elle-même vécu.

Il revient régulièrement chez elle pour déjeuner le week-end, puis de moins en moins, et un jour, il ne donne plus du tout signe de vie. Elle vient alors régulièrement s'occuper du directeur du pensionnat vieux, malade et unijambiste, qui lui apprend qu'un étudiant avait déjà disparu, ce qui avait provoqué des enquêtes sur lui et conduit à la mauvaise réputation de l'établissement. Il l'invite à se rendre dans la chambre de l'étudiant afin que peut-être, elle y trouve des éléments de réponse. Elle se rend compte que le directeur décrit parfaitement les formes de son cousin jusqu'à son omoplate, ce qui n'est pas normal. Lorsqu'elle se rend dans la chambre du jeune homme, des gouttes tombent sur elle du plafond. Elle croit que c'est du sang. Elle monte pour voir ce qui se trouve au-dessus en s'attendant au pire. Mais ce n'est qu'une ruche immense, si grande qu'elle commence à s'effondrer sur elle-même.


Résumé de la grossesse :

C'est l'histoire d'une jeune femme qui raconte la grossesse de sa soeur avec qui elle vit, ainsi que son beau-frère.

Sa soeur a des nausées à tel point qu'elle empêche tout le monde de manger pendant des mois, à cause des odeurs, qui l'écoeurent. L'héroïne est contrainte de faire ses repas à l'extérieur.

Le mari de sa soeur est toujours très indulgent. L'héroïne hait ce beau-frère mou et insipide. Elle ne parvient pas à se représenter le bébé qu'elle n'imagine que sous forme de chromosomes humains : "On aurait dit un alignement de couples de larves de papillons jumeaux."

Un jour, les nausées disparaissent et c'est tout l'inverse qui se produit : sa soeur se met à manger à outrance, à faire des envies alimentaires brutales en plein milieu de la nuit, comme du sorbet de nèfle, par exemple. La narratrice, qui travaille dans un supermarché durant l'été se retrouve avec des kilos de pamplemousses invendus. Elle se met alors à confectionner des confitures de pamplemousse dont se gave sa soeur. Or des amis étudiants l'avaient entraînée à une conférence sur le danger des pamplemousses américains. "Le P.W.H. est un produit antimoisissure fortement cancérigène. Il détruit les chromosomes humains !". Le lecteur comprend qu'elle désire clairement la mort du bébé. Le récit se finit lorsque l'héroïne se rend à la maternité pour vérifier l'efficacité de son projet.


Commentaire :

On lit ces trois nouvelles comme des polars sauf qu'au lieu d'être dans la tête du policier qui galère pour trouver le meurtrier, on est dans la tête du criminel qui s'apprête à commettre un meurtre. Du moins pour au moins deux des trois histoires : "La piscine" et "La grossesse", il s'agit d'un crime - en général un meurtre prémédité- en cours de préparation. Nous sommes donc plongés dans une ambiance psychologiquement tendue, dans la tête d'un être malveillant mais qui souffre lui-même, soit explicitement -"La piscine"-, soit implicitement -"La grossesse".

Le point commun entre ces trois récits, c'est le lien saisissant entre le mal-être profond du narrateur et le poids de cette vie quotidienne morne et répétitive, où en général rien ne se passe. Les deux criminelles interpellent ainsi le lecteur à la fois par la froideur de leur cruauté et par la monotonie voire la médiocrité de leur existence. Le lecteur qui n'a pas une vie sensationnelle non plus, comprendra aisément la frustration et la violence que peut susciter un tel quotidien. Il éprouvera une sincère empathie pour ces anti-héroïnes, sans pour autant éprouver de la sympathie.

La nouvelle la plus mystérieuse est celle des "abeilles" car on ne sait toujours pas comment a disparu le jeune cousin, la ruche d'abeilles n'apportant aucune réponse. Les histoires de Yôko Ogawa sont à l'image de ses héroïnes : elles ne bouleversent pas l'existence, mais elles poussent un cri de révolte momentané contre le néant infini.

N.B. Cadeau déposé devant ma porte (avec un melon du marché de Belleville et un bonnet d'hiver) par mon amant prof d'E.P.S. pour mon départ au Kazakhstan en juin 2011.

N.B. C'est en écoutant une émission de France Culture que j'ai pensé à terminer le recueil par le dernier récit ("La grossesse") : http://www.franceculture.fr/emission-la-grande-table-2eme-partie-entretien-avec-yoko-ogawa-2013-05-01

mercredi 6 mars 2013

POEME : LA VIE EST AILLEURS.


La vie est ailleurs et j'ai cru qu'elle était située

Dans l'un de ces pays de l'Atlas mille fois contemplé.

Et j'ai voyagé.

Mais l'exilé le sait,

L'expatrié le sait,

L'herbe n'est jamais plus verte ailleurs :

La liberté est ici un espoir.

La liberté est là-bas une illusion.

La liberté n'existe pas.



La vie est ailleurs et j'ai cru qu'elle était située

Entre mes cuisses et les tiennes,

Entre mon cœur et le tien,

Entre toi et moi.

Et j'ai aimé.

Mais je m'étais trompée :

L'amour était chez moi un espoir.

L'amour était chez toi une illusion.

L'amour n'existe pas.



La vie est ailleurs et j'ai cru qu'elle était située

Dans une synagogue, une église, une mosquée,

Entre une entité supérieure et moi,

Entre notre créateur et moi.

Et j'ai prié.

Mais je m'étais trompée :

Dieu est chez les croyants un espoir.

Dieu est chez les athées une illusion.

Dieu n'existe pas.



Alors j'ai compris que la vie était ailleurs,

Ni dans un quelconque lieu physique,

Ni dans aucun amour éternel et sacré,

Si ce n'est dans des moments de grâce, ces instants divins,

Où l'on aime quelqu'un profondément,

Où l'on aime sans peur du lendemain,

Et puisque le Temps m'a volé la beauté de ton sourire,

L'éclat de ton rire et l'étincelle de tes yeux,

Je sais à travers mes souvenirs que tout ce qui n'existe pas,

Existait bien.

La vie est ici et maintenant.



Paris, mercredi 6 mars 2013, 23h48./mercredi 25 janvier 2017, 00h09.