Un blog pour se remuer les neurones et se secouer les fesses !
Un blog pour encourager tous ceux qui n'ont pas envie de se laisser aller avec non-garantie de succès, ni pour eux, ni pour moi-même. ;-)

vendredi 30 avril 2010

Crime et Châtiment de Fedor Dostoievski, 1866 (suite et fin). "A la dialectique s'était subtituée la vie".



Bon, alors je continue "le résumé" de l'histoire avec la 4ème partie (sachant que je n'ai plus lu mais survolé le livre, vive Daniel Pennac) :
- Rupture des fiançailles entre Dounia et Loujine.
Le fiancé, Pierre Petrovitch Loujine, avait bien stipulé dans sa lettre qu'il ne voulait pas que le frère de Dounia, Rodion, soit là à leur premier rendez-vous à Saint-Petersbourg. Mais bien sûr, il vient. Disputes. Chantage affectif. Dounia dit qu'elle n'a pas à choisir entre son frère et lui. Rupture de fiançailles.


5ème partie :
- Enterrement et fête de l'homme mort écrasé par les chevaux.
Catherine, sa veuve semble devenir folle. Pierre Petrovicth fait un coup vraiment mesquin : il met un billet dans la poche de Sonia (Sophie), la fille de l'homme écrasé afin qu'elle soit accusée de vol. Pourquoi ? Parce qu'il avait sous-entendu que Rodion la fréquentait (elle est prostituée), et comme la mère et Dounia avaient fait confiance en leur fils et frère plutôt que lui, il a donc voulu la compromettre...Mais c'est...le gros pervers du village de Dounia qui sauve Sonia : il témoigne qu'il a vu Loujine mettre un billet dans la poche de la jeune fille à son insu et c'est Raskolnikov qui comprend pourquoi.
La mauvaise conscience de Raskolnikov est trop lourde, il se confie à Sonia et lui dit tout. Au lieu d'en être choquée et de réagir en conséquence, elle tombe follement amoureuse de lui (ah, les femmes...).
Catherine complètement devenue folle, meurt. Un homme bon se charge de tout et envoie les deux orphelins laissés dans des familles ou l'hospice je ne sais plus, quant à Sonia, il lui donne de l'argent.

6ème partie :
- Razoumikhine prévient Rodion que Dounia avait l'air perturbée par une lettre mystérieuse.
- Interrogatoire de Porphyre Pétrovitch (le juge chargé d'instruction) qui essaye de faire craquer Raskolnikov psychologiquement.
- Raskolnikov soupçonne Svidrigaïlov (le gros pervers qui embêtait sa sœur) d'être venu la suivre à Saint-Petersbourg pour la harceler de nouveau. Il s'entretient donc longuement avec lui et essaye de le prévenir de ne rien tenter. Celui-ci lui raconte sa vie conjugale passée longuement et lui dit qu'il est fiancé à présent à une très jeune fille dont il fait le récit des fiançailles d'une façon libidineuse (passage à la Nabokov sans avoir lu Nabokov : un vieux s'excite comme un fou sur une très jeune fille) et donc qu'il n'a pas à s'inquiéter mais il précise que contrairement à ce que pense Rodion, c'est Dounia qui l'a cherché. Il sait également tout à propos du crime de Raskolnikov : sa chambre donne sur celle de Sonia et il entend tout à travers les murs peu épais. Ils se séparent car Svidrigaïlov est pressé de partir.
- Et pour cause...Il a rendez-vous avec Dounia...qui est venue bêtement à ce rendez-vous car il lui a dit qu'il avait des révélation sur "le crime" de son frère dans une lettre (c'était lui). Résultat, il la séquestre si elle ne cède pas sexuellement...Heureusement, elle arrive à s'en sortir grâce à une arme à feu qu'elle avait apportée, elle tire mais le rate. Finalement, elle jette le révolver et le supplie de la laisser s'en aller. Il le fait.
- Suicide de Svidrigaïlov dans la rue ; pendant ce temps, Raskolnikov se rend et avoue tout à la police.
Il ne reconnaît toujours pas le mal qu'il a fait et croit toujours en ses idées. Pour lui, son seul crime, c'est d'avoir été lâche et de n'avoir pas pris l'argent et d'avoir culpabilisé.

EPILOGUE
Razoumikhine est avec Dounia
Sonia rend visite à Raskolnikov tous les jours pendant 7 ans.
Au début, il ne l'aime pas, mais au fur et à mesure il se rend compte de son dévouement et de tout le mal qu'il lui a fait et a fait (son crime) et finit par l'aimer de tout son cœur : "A la dialectique s'était substituée la vie".

(Je n'ai pas fini de copier les citations ultra-longues)

CONCLUSION : ce qui m'a intéressée dans ce livre, au-delà du débat sur la culpabilité ou non d'un homme dans un crime, débat intéressant voire majeur bien sûr, c'est surtout cette idée de vivre selon des principes, ses principes, ses idées toute sa vie jusqu'au bout ou de vivre tout court, se laisser aller et ne pas réfléchir. Moi c'est ça qui m'a le plus intéressée. Parce que la conclusion du livre, c'est de se laisser vivre et de ne pas gâcher son existence avec ses principes. Mais c'est plus facile à dire qu'à faire, pour moi en tout cas.

jeudi 29 avril 2010

Psycho d'Alfred Hitchcock, 1960. // Anthony Perkins, un grand acteur oublié. "We're all in our private traps, clamped in them".

La seule scène dont mon inconscient se souvenait, c'était la scène de la douche qui m'avait traumatisée, dont j'avais vu une explication à "Universal Studios Hollywood" avec mes parents à Los Angeles. Inutile de dire que je n'ai rien retenu de l'explication. Les voyages forment la jeunesse sauf qu'Alzheimer commence jeune aussi.

Ma mère est une fan d'Hitchcock donc j'en ai vus pas mal quand j'étais petite mais je ne les ai jamais regardés adulte (sauf Vertigo à la fac dans un cours génial de cinéma).
J'ai donc revu "Psycho" hier soir, le jeudi 29 avril 2010.
Et j'ai vraiment eu peur. J'ai pas pu regarder une scène.

Anthony Perkins est juste un des meilleurs acteurs de tous les temps dans ce film.
Je viens de lire vite fait sa bio sur Wikipedia :  http://fr.wikipedia.org/wiki/Anthony_Perkins , et je suis triste de savoir qu'il n'a jamais pu briller ensuite dans d'autres films et révoltée de savoir aussi qu'il n'a gagné aucun prix pour ce film : moi je dis, on devrait créer des prix posthumes, des réparations du passé. (Céline recevrait ainsi le prix Goncourt et non je ne sais plus qui à sa place).

J'ai toujours adoré les films d'horreur, comme ma mère, donc.
Et à mon plus grand désespoir, mon ex avait plus peur que moi, donc je ne pouvais jamais réaliser mes fantasmes de me réfugier dans ses bras, puisque c'était l'inverse qui se produisait, ce qui m'a toujours énormément frustrée. Exemple : Rosemary's Baby. J'ai dû le protéger tout le long du film...alors que ce film ne fait même pas peur.

Le mec de ma vie aimera les films d'horreur et c'est moi qui me réfugierai dans ses bras.
Mais ça se trouve, je ne le rencontrerai jamais et ça, ça me fait bien plus peur qu'un film d'horreur, en fait, non, ça me fait pas peur, ça me rend triste.

Citation du film :"We're all in our private traps, clamped in them".

Crime et Châtiment de Fedor Dostoievski, 1866.

Je mets tout sur le compte de la traduction. Qu'est-ce qui me déplaît ? Le fait qu'il n'y ait que de l'histoire, de l'histoire, et pas de STYLE. Or comment juger le style d'un auteur à partir d'une traduction je vous le demande ?
Bref. On comprend enfin qu'il se n'agit pas seulement d'une histoire interminable sans intérêt, mais d'un roman à thèses intéressant, à partir de la page 284...
Le roman pose la problématique suivante : "Les hommes supérieurs, ceux qui ont plus de raison que les autres, ont-ils le droit de tuer, de commettre des crimes pour le bien de l'humanité ?".
Voilà, s'en souvenir pour la culture G, lol....

Résumé (parce que je vais oublier, c'est sûr) :
 
1ère partie : Le héros, Rodion Romanovitch Raskolnikov, dit affectueusement "Rodia" par ses proches ou "Raskolnikov" par le narrateur, est un étudiant sans le sou qui a été obligé d'abandonner ses études. Il ne paie plus son loyer, il ne mange plus. Il va dans un bar pour oublier, lui qui ne boit pas beaucoup, et rencontre un homme dont le vice est l'alcool et qui lui raconte que sa fille, se prostitue pour lui payer son alcool, qu'il dépense tout l'argent de sa fille pour boire.
Rodion est tellement désespéré qu'il a recours à une prêteuse sur gages cupide et vend entre autres la montre en argent de son père défunt, un bien auquel il était attaché. L'usurière profite ainsi de nombreuses personnes sans le sou obligées de lui vendre des objets de valeur personnels à moindre coût.
Entretemps, sa mère lui a écrit une lettre pour lui raconter des tas de malheurs qu'a endurés sa soeur, Dounia, avec un vieux dégueulasse qui voulait tromper sa femme avec elle, mais que finalement tout va bien car elle va se marier avec un mec riche mais con et qu'elles espèrent (sa fille et elle) qu'il pourra reprendre ses études grâce à ce mariage et travailler avec son futur beau-frère. Il en est malade.
Il en est tellement malade, il est tellement en colère du sacrifice de sa sœur pour lui, prête à sa sacrifier sa vie de femme avec un homme qu'elle n'aime pas à cause de l'argent pour lui, qu'il décide de tuer la vieille prêteuse sur gages, symbole de toute cette société injuste, pour le bien de l'humanité, mais aussi pour la voler.  Il la tue à coups de hache en ayant préparé son coup à l'avance mais se débarrasse finalement des biens volés. La sœur de l'usurière, vieille fille gentille laide et innocente, arrive de façon imprévue dans la pièce et il la tue aussi parce qu'il n'a pas le choix. C'est le CRIME.

2ème partie : Le héros tombe gravement malade : il délire en permanence quand il est éveillé et dort le reste du temps. C'est son ami Dimitri Prokofitch Razoumikhine, un ancien étudiant aussi dans la précarité, qui prend soin de lui pendant tout ce temps, avec son jeune ami médecin, Zossimov qui pense que Raskolnikov est fou.
Entretemps, le fiancé de Dounia est arrivé faire la connaissance de Raskolnikov qui l'envoie chier vertement et le fiancé repart tout traumatisé et offensé.
L'homme qu'il avait rencontré au début du roman meurt dans un accident parce que trop ivre, il n'a pas bien regardé la route et s'est fait écraser par les chevaux d'un fiacre. Raskolnikov donne tout l'argent que sa pauvre mère avait mis tant de mal à obtenir pour lui, à sa veuve et ses enfants : 35 roubles. Acte de générosité (Raskolnikov est décrit comme un être ayant toujours été généreux) ou tentative de rachat ? Sans doute les deux.
Entretemps, la mère et la soeur arrivent et Raskolnikov les accueille de façon très froide et méprisante envers l'idée de sacrifice de sa sœur, qui en est très blessée. Razoumikhine met tout sur le compte de sa maladie et fait de son mieux pour arranger les choses. Il tombe amoureux de Dounia.
 

3ème partie : ENFIN, on comprend le pourquoi du comment de cette histoire dans le chapitre V, le motiv de l'histoire. C'est LA THESE du roman.
Razoumikhine, a un parent juge d'instruction chez qui ils se rendent, Porphyre Petrovitch, qui dit qu'il a lu un article de Raskolnikov (qui ne savait même pas qu'il avait été publié, ce qui représente donc de l'argent) disant que les esprits supérieurs avaient le droit de commettre des crimes, ce qui choque tout le monde.
Son idée principale étant que, cert hommes de génie ont changé la vie des hommes et ont dû détruire des choses anciennes pour cela :
 

"Les fondateurs et les législateurs de l'humanité, à commencer par les plus anciens et en passant par les Lycurgue, les Solon, les Mahomet, les Napoléon et ainsi de suite étaient tous jusqu'au dernier des criminels, ne serait-ce que pour la seule raison qu'en instaurant une nouvelle loi, ils enfreignaient par là même l'ancienne, pieusement conservée par la société et transmise par les ancêtres, et qu'ils ne s'arrêtaient bien entendu pas davantage devant le sang, si seulement le sang pouvait leur être de quelque secours. Il est même remarquable que la plupart de ces bienfaiteurs de l'humanité aient fait verser des fleuves de sang", p.286.

« Je crois seulement en mon idée maîtresse. Elle consiste en ceci que selon les lois de la nature, les hommes se divisent en deux catégories : l’inférieure (les êtres ordinaires), c’està-dire en quelque sorte le matériau ne servant qu’à la procréation de ses semblables, et les hommes proprement dits, c’est-à-dire ceux qui ont le don ou la talent de dire, dans leur milieu, une parole nouvelle.
Les subdivisions sont bien entendu en nombre illimité, mais les traits distinctifs des deux catégories sont assez tranchés : la première catégorie, c’est-à-dire le matériau, est composé de gens conservateurs de nature, pondérés, qui vivent dans l’obéissance et aiment obéir.
A mon avis, ils ont aussi bien le devoir d’être obéissants et il n’y a là absolument rien d’humiliant pour eux.
Dans la seconde catégorie, tous transgressent la loi, tous sont des destructeurs ou portés à l’être selon les capacités. Les crimes de ces hommes sont bien entendu relatifs et multiformes ; pour la plupart, ils exigent sous des formes très diverses, la destruction de ce qui est, au nom de quelque chose de meilleur.
Mais si, pour leur idée, il leur faut enjamber même un cadavre, du sang, à mon avis ils peuvent en bonne conscience se donner eux-mêmes la permission de le faire, du reste en fonction de l’idée et de son envergure, notez cela. Ce n’est que dans ce sens que je parle dans mon article de leur droit au crime. », p.287


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J'ai décidé maintenant que j'allais sauter le plus vite possible tous les passages juste pour savoir la fin, parce qu'à part ce petit passage philosophique intéressant, il n'y a que de l'histoire, de l'histoire et de l'histoire et moi l'histoire, ce n'est pas qu'elle me fait chier, mais elle traîne en longueurs, puisque sans style particulier, je n'ai aucun plaisir à lire une histoire. Si au moins c'était drôle, comme Dumas ; ou que ça faisait peur comme King, mais là...
 
Pourquoi ce livre ?
J'ai toujours pensé que ce qui manquait à ma culture générale -entre de nombreuses choses !- c'était une connaissance de la littérature russe : Dostoievski, Tchekov, Gogol, Nabokov (qui m'a jamais donné envie). Donc je suis allée voir "l'Idiot" au théâtre de la Madeleine, il y a fort longtemps (1999), j'avais bien aimé mais je me souviens plus du tout de l'histoire...
 
Ensuite j'avais parlé de ce complexe culturel à Aïcha qui m'avait dit que son livre préféré de Dostoievski c'était "les Frères Kamarov" (loué par Freud aussi), mais je ne l'ai pas trouvé d'occasion.
 
J'ai lu les  "Âmes mortes" de Nicolas Gogol trouvé dans une librairie près de la Montagne noire, à côté de Carcassonne, un village de livres. J'ai bien aimé l'idée (l'idée de vouloir acheter des âmes via des tombes), je n'ai pas détesté l'atmosphère de ce roman (le but principal de ce livre étant de décrire le milieu des notables dans la campagne russe, comme Flaubert de Madame Bovary si vous voulez : ce milieu est vil, bas et faux évidemment) mais je n'ai pas retenu ce livre comme ayant marqué ma vie : j'ai voulu le revendre d'occasion (preuve suprême chez moi de manque d'amour pour un roman, de déception) et je crois que je l'ai laissé chez mes ex-beaux-parents, je ne sais pas où il se trouve actuellement.

Je suis allée voir des pièces de Tchekov, mais je n'ai rien retenu ; j'ai lu quand même "les Trois sœurs" avec le TNS dans le cadre d'un stage, mais j'ai trouvé ça hyper désuet et d'ailleurs je ne me souviens plus de rien non plus.

Enfin, c'est l'expo "Crime et Châtiment" en ce moment au Musée d'Orsay (que je n'irai pas voir) + je l'ai trouvé d'occasion à 3 euros à Gibert Joseph. Voilà.

Le Portrait de Y.



Aujourd'hui, j'ai concrétisé une pulsion qui me trottait dans les veines depuis un certain temps : j'ai fait le portrait au pastel de Y. à partir de sa photo que j'adore, piquée sur son MySpace parce qu'il ne m'a pas envoyé la bonne photo au bon format.

Je ne prétends pas être une artiste, donc c'est un portrait raté et bâclé (le but étant chez moi d'assouvir ma pulsion, donc d'achever aussi vite que j'ai commencé), mais je l'ai fait : je prétends faire.

Il n'est en rien ressemblant à la photo originale qui m'a servi de modèle (où il est beaucoup plus beau, je précise) et je suis triste d'être dépourvue de talent, mais c'est ainsi.

Afin de ne pas moi-même me méprendre quand j'aurai la maladie d'Alzeihmer (et dieu sait que je déforme TOUT, tous mes souvenirs depuis que j'ai à peu près 28 ans...) : je ne l'ai pas fait parce que j'étais amoureuse de lui.

Je l'ai fait parce que j'avais besoin d'exorciser ma peine à avoir le cœur vide, à ne plus aimer personne et à ne plus être aimée de personne.

La dernière fois que j'ai dessiné un portrait, ce n'était pas celui d'un plan cul dont j'ai senti une âme singulièrement belle, mais celle d'un homme que j'aimais et qui m'aimait, et ce n'était pas à partir d'une photo volée sur un MySpace, c'était à partir de la vraie vie, lui en train de dormir devant moi, à la Réunion.
J'avais fait ce portrait avec tout mon amour.
Celui-ci, je ne l'ai pas fait avec amour, je l'ai fait avec tristesse de ne plus avoir cette chance d'aimer et d'être aimée. Je l'ai fait par frustration, donc de ne rien ressentir de tel.

Je l'ai fait aussi parce que je le trouvais très beau, pas seulement "beau" au sens physique, mais beau dans le sens où j'ai vu sa sensibilité s'exprimer à travers certaines expressions de son visage, et que cette sensibilité m'a -beaucoup- touchée.

Ce n'est pas facile à expliquer avec des mots aussi réducteurs que "beau" et "belle". C'est difficile d'échapper au discours mièvre. C'est objectivement de l'ordre de la sensation subjective que moi je trouve objective.

Je n'ai pas été amoureuse d'une âme que je ne connaissais pas.
J'ai désiré mieux connaître une âme, c'est différent.
Ce n'est pas de l'amour, merde (je dis ça car de nombreuses personnes ont du mal à se sortir de la collection Harlequin dans leurs schémas mentaux).
C'est du désir, du désir spirituel au-delà du désir physique.
Hélas, ce n'était pas réciproque. Mon âme a pris un râteau.
C'est dur d'être touché par quelqu'un alors que ce n'est pas du tout réciproque.

J'ai écrit une lettre datée d'aujourd'hui en me promettant à moi-même de lui envoyer ce portrait lorsque je serai enfin amoureuse de quelqu'un qui le sera de moi aussi de façon réciproque, bref, lorsque j'aurai enfin ce bonheur, cette chance, de revivre l'Amour. Le vrai, le beau.

Une histoire de cul révèle toujours que rien ne vaut une histoire d'Amour.
Si j'avais voulu dramatiser j'aurais dit :
Une sordide histoire de cul révèle toujours que rien ne vaut une belle histoire d'Amour.
Que préférez-vous ?

*Avec du recul sur toutes les bêtises plus grosses que moi que je lui ai dites et que je me suis dites à moi-même pour m'auto-convaincre que je ne l'étais pas, j'étais tout bêtement amoureuse... mais je ne voulais tellement PAS l'être, que je l'ai dénié furieusement de façon absurde.
Je le savais mais je n'en avais pas conscience...
J'avais demandé pardon, mais le mal avait été fait. Bête et méchante, je ne l'ai jamais autant été de ma vie envers un être humain.
De seconde chance, il n'y en aura pas eu comme je l'aurais voulu et je ne m'étais pas franchement améliorée non plus. Je n'ai eu que ce je méritais.

Notre relation physique aura duré du 25 décembre 2009 au 22 juillet 2010 (six mois), et aura officiellement fini début octobre.

Je n'ai jamais autant excellé dans la contre-communication verbale de toute ma vie : dire tout l'inverse de ce que l'on a dans le cœur. Je ne me connaissais pas cette aptitude, mais je suis très forte à ce jeu.
Je ne m'en vante pas : c'est une des compétences les plus nulles que je n'ai jamais eues.

mardi 27 avril 2010

2046 de Wong Kar Wai, 2004.


******Chef d'œuvre.
Comment peut-on faire des films aussi beaux ?
Ce que j’adore chez Wong Kar wai, c’est qu’il y a tout ce que j’aime : des hommes et des femmes, et entre eux, des sentiments, du cul, et tout le monde fume, le tout filmé de façon sublime avec pour fond, une musique également sublime. Tout est beau.

Résumé : le héros, Chow wo man , a aimé une femme à Singapour, Su Li Zhen, qui n’a pas voulu le suivre à Hong-Kong. Depuis, il collectionne les femmes et nous conte entre mi-réel et mi-fiction fantastique –un roman qu’il est en train d’écrire, « 2046 »- ses histoires : avec Bai Ling, une jeune et belle prostituée qui tombe amoureuse de lui mais pas lui… ; Wang Jing-wen, une jeune femme aux talents d’écrivain qui aime un japonais et enfin une autre Su Li Zhen, joueuse de cartes professionnelle, qui semble avoir un lourd passé qui l’empêche de l’aimer, comme lui.

Au-delà de cette histoire, il y a donc un leitmotiv obsédant : tomber amoureux au mauvais moment.
Lui aimait une femme mariée qui n’a pas voulu le suivre à Hong-Kong ; une autre, Lulu, allait se marier avec un homme mort trop jeune ; Bai Ling l’aime au moment où il ne peut/veut plus aimer ; il tombe amoureux de Jing-Wen qui en aime déjà un autre ; il aime enfin la Su Li Zhen bis qui ne peut pas l’aimer , parce qu’elle est comme lui. Bref, que des histoires d’amour impossible. Et on voit les gens morfler magnifiquement (surtout Bai Ling qui subit ce que nous avons toutes subi au moins une fois avec un connard adorable mais pas amoureux…) sans mièvrerie.

Remarquons la magnifique interprétation de l’actrice Zhang Ziyi qui mérite les prix qu’elle a reçus (hong-kongais et américains : honte à la France de ne lui avoir rien donné !).

Extraits :
« I once fell in love with someone. (…) I went to 2046. I thought she might be waiting for me there. But i couldn’t find her. I can’t stop wondering if she loved me or not. But I never found out. Maybe her answer was like a secret that no-one else could ever know »
« All memories are traces of tears »
« You treat all the women like this ?
-Except one. My mother. »
« Peut-être que si elle ne répondait pas, ce n’est pas parce qu’elle hésitait mais tout simplement qu’elle ne m’aimait pas, la seule chose qui me restait à faire, c’était d’abandonner »
« Love il all a matter of timing. It’s not good meeting the right person too soon or too late »
« Maybe one day you’ll escape from your past, if you do, look for me »
« Why can’t it be like it was before ? » : ça c’est la phrase que nous avons toutes dite à un connard qui nous a joué le jeu de la séduction au début et nous a traitées comme de la merde ensuite. Ça fait plaisir, enfin ça console un peu je veux dire, de savoir que c’est international. (lol)

Photographie : Christopher Doyle (qui a reçu plusieurs prix), Kwan Pung-leung et Lai Yiu-fai
Musique : la musique du film est juste sublime (a reçu aussi un prix) et on a envie de la B.O.
• 2046 main Theme (With Percussion) - Shigeru Umebayashi
Casta Diva (extrait de l’opéra "Norma") - Angela Gheorghiu / London Symphony Orchestra / Dir. Evelino Pido
C’est 2046 qui aurait dû gagner la palme d’Or, merde. Même si j’ai aimé Old boy (qui a gagné le grand prix), ça ne vaut pas 2046.

Pourquoi ce film ?
C’est Sourygna, un pote d’Aurélien, qui m’en avait longuement parlé lorsque nous étions à la Cité ; il l’avait vu à sa sortie, donc en 2004. Depuis le temps que je voulais le voir.

samedi 24 avril 2010

TRAHISONS de PINTER Harold, 1978. Une pièce sur l'inéluctable épuisement des sentiments amoureux (et amicaux).

Théâtre "Les Déchargeurs", samedi 24 avril, avec Julien. 16 euros.

Résumé de l’histoire : Emma et Jerry, sont deux amants qui se retrouvent après leur séparation deux ans auparavant. Ensemble, ils ont eu une liaison qui a duré 7 ans. Jerry est le meilleur ami Robert, le mari d’Emma. La pièce commence avec ces retrouvailles pour se terminer par le début de cette liaison.

Critique pièce : Tout l’intérêt de la pièce ne réside pas dans son histoire (très banale), mais sa chronologie inverse qui met en évidence quelque chose de très tristement humain dans les relations humaines : les débuts sont toujours merveilleux (les amants s’aiment à la folie) et les fins pathétiques (ils n’ont plus rien à se dire). Ce qui est original, c’est que ce n’est pas le couple marié qui est visé, mais le couple d’amants.
Quant à l’écriture, il aurait fallu lire la pièce en version originale pour dire quelque chose de vraiment pertinent, la version traduite donne des dialogues sobres, parfois cyniques et drôles.

Critique jeu des acteurs : J’ai trouvé le parti pris de la justesse et de la sobriété sans aucun mélodrame un choix parfait pour cette pièce.
Julien (mon pote) a lui regretté un « manque de générosité » de la part des comédiens.
Moi je crois que tout était très bien ainsi : ce n’est pas la pièce du siècle parce que ça ne dit et ça ne montre que des choses déjà vues ; c’est une pièce simple ; une pièce réaliste, qui par sa sobriété n’en est que plus triste encore puisque nous rappelle la précarité des sentiments amoureux, mais aussi la précarité des sentiments amicaux (Jerry-Robert) et le manque de confiance que l’on peut avoir en l’avenir à partir du moment où l’on aime quelqu’un, aussi forts soient nos sentiments, au début.

Une pièce aussi sur l’absurde d’une liaison extra-conjugale qui dure aussi longtemps, sans autre cadre qu’un appartement privé des après-midis : un espace-temps bien limité, contraint par l'impossibilité de s’exposer publiquement à l’extérieur, les deux amants ayant chacun une famille établie.

Une pièce aussi qui montre quelque chose que quelques femmes auront bien connu au moins une fois dans leur vie : l’homme qui vient séduire en premier la femme de façon empressée et passionnée à coups de déclarations enflammées et se lasse pourtant aussi en premier, ne sachant plus quoi dire à la femme, qui elle-même si elle est dans le même constat, le subit plus qu’elle ne le vit. La maîtresse doit sans doute lasser autant que l’épouse, au bout d’un moment…
Ce qui est bien, c’est que cette partie n’est pas montrée (celle où forcément la maîtresse ressemble de façon lassante à l’épouse), elle est inutile parce qu’on peut la deviner.

On a beaucoup commenté un autre aspect de la pièce mais vous le dire serait révéler un des éléments comiques (et cyniques), donc je ne le commenterai pas.

Conclusion : qui est le plus grand traître de l'histoire ? Le meilleur ami ? L'épouse ? Le mari ? Ou tout simplement LE TEMPS ?

La pièce est courte : 1h15, donc parfaite.

vendredi 23 avril 2010

I LOVE MY BALLERINES NOIRES TOUTES SIMPLES EN CUIR.

Aujourd'hui, j'ai acheté des ballerines noires en cuir extérieur ET intérieur à 31,90 euros à 30% de réduction chez Bata.
Meilleur rapport qualité/prix que des Repetto à 150 euros qui ne tiendront que 2-3 mois selon les 3/4 des témoignages outrés des internautes féminines...le1/4 restant étant des fans de la marque et ne constatant aucun problème mais en précisant qu'il ne faut pas les porter tous les jours et pas en temps de pluie évidemment (de toute façon, on est obligés d'imperméabiliser les chaussures en cuir à Paris : il pleut souvent...).
Combien de temps les miennes vont-elles tenir ? Telle est la question.
Marie a trouvé une très jolie paire (mais pas en cuir, en tissu synthétique) chez Miss Coquine à 10 euros, il faut bien chercher comme elle dit, parce que c'est pas toujours aussi joli que ce qu'elle a trouvé.

jeudi 22 avril 2010

MES NOUVEAUX SOURCILS BY FATIMA

Fatima m'a dit d'un ton solennel : "Camille, je vais faire tes sourcils".
J'ai répondu : "Ok Fatima."
Et voilà le résultat (c'est dommage que j'aie pas pris des photos juste des sourcils avant/après, mais tant pis.
Merci Fatima.
On t'a mis sur mon chemin pour que j'apprenne à être féminine, j'en suis persuadée.
Tu ne me feras pas lisser mes cheveux aussi souvent que tu le souhaiterais pour que j'améliore mon image, car j'aime mes cheveux au naturel (rebelles et indisciplinés, ah ah) qui correspondent tellement à ce que je suis dans la vie, mais je reconnais tout à fait que ça fait du bien parfois de se sentir "impeccable et nette", irréprochable et lisse.
Solenn a qualifié mes sourcils de "tip-top" plus tard.

NATATION 2

Aujourd'hui, piscine hébert : 2 km
11h41-12h44, donc en 1h. Aujourd'hui j'étais particulièrement motivée pour aller vite car Fatima arrivait chez moi à 13h et que je voulais vraiment nager le plus possible, j'ai donc speedé comme une malade ce qui prouve que JE PEUX faire 2 km en 1 heure, mais alors c'est clair que c'est beaucoup plus crevant que de faire 2 km en 2 heures...
avant : 59 kg
après : 58 kg
objectif : 53 kg.
mais j'ai pas déjeuné et je viens de me préparer une super dorade au four herbes de provence (à défaut de thym frais) + ail citron qui baigne dans l'huile d'olive avec des haricots verts bouillis qui baignent dans le beurre + riz...ben oui c plus fort que moi, j'aime manger, faut pas déconner.

mercredi 21 avril 2010

NATATION 1

Aujourd'hui, piscine hébert de 13h15 à 14h45 :
100 longueurs X 25 mètres = 2 km 500.
Donc en 90 mn soit 1 h 30.
Poids avant : 60 kg.
Poids après : 59 kg.
Objectif : 53 kg.
Me fais pas d'illusion : je vais sans doute juste perdre de l'eau et au mieux me muscler un peu (donc avoir des épaules de camionneur) mais c'est pas grave, c'est pour m'encourager quand même.

mardi 20 avril 2010

AMORES PERROS (amours chiennes) de Alejandro González Inárritu (2000)


***/****Très bon film/Excellent.

Amours chiennes, ce sont trois histoires imbriquées de trois milieux sociaux-culturels mexicains différents dont le fil conducteur sont les chiens, qui nous montrent que peu importe le milieu social, la détresse humaine est partout.
1) Le milieu prolétaire (merde et merde).
Octavio est le héros de cette histoire : il est jeune, il est beau et il n'a qu'un seul rêve, partir avec Susana, la femme de son frère dont il est "amoureux" (elle incarne surtout la femme avec qui il rêve d'évasion de son milieu pourri où l'argent manque toujours), méprisée et battue par son son mari.
Il ne fait rien de la journée et son frère braque des supermarchés en plus d'y travailler pour vivre et payer sa drogue (des joints). L'argent manque toujours et la naissance d'un enfant représente un drame = argent pour couches, lait, etc.
Pour réaliser son rêve, il fait combattre son chien qui lui rapporte beaucoup d'argent. On plonge dans l'univers glauque des Mexicains gros, gras et puants qui parient sur les combats de chiens. On ne sent pas les odeurs, mais c'est dingue comme toutes les séquences puent la merde, le sang et la vulgarité. Susana citant sa grand-mère : « Si tu veux faire rigoler Dieu, parle-lui de tes projets ». Octavio : « Je ferai rigoler Dieu avec mes projets ».
Critique : ce qui n'est pas crédible, c'est que la conne de Susana ne craque pas pour le petit frère (Gael Garcia Bernal) qui est beaucoup plus beau que le grand-frère : il aurait fallu inverser les rôles pour que ce soit crédible.
2)Le milieu bourgeois (chic et paillettes).
Valeria est l'héroïne de cette histoire : elle est un top-model espagnol au top de sa carrière et en plus elle vient de réussir à faire en sorte que son amant, Daniel, un homme marié, riche directeur en chef d'un magazine people, quitte sa femme et vive avec elle dans un bel appartement.
Mais lors de la course-poursuite entre les méchants et les gentils (Octavio et son meilleur pote) suite à un combat de chiens qui a mal tourné, elle a un accident de voiture grave qui finit par la rendre handicapée en chaise roulant et hors du circuit de la mode. Sa seule source d'amour véritable, c'est son chien, Richie, qui malheureusement est retenu prisonnier sous le parquet de la maison (mal fini, il a un trou béant et le chien (le con de) s'est perdu. Sans son chien et sa gloire, c'est le désespoir total pour l'ex-mannequin qui sombre dans l'hystérie et oui, on comprend que l'amant, Daniel, pense de plus en plus à retrouver sa femme et ses gosses, parce que finalement, une maîtresse ça doit être belle et gentille, c'est fait pour s'amuser avec, pas pour subir des crises d'hystérie. On compatit beaucoup pour Valeria parce qu'on comprend que sans sa beauté complète (sans ses belles gambettes qui marchent), elle n'a plus rien pour exister et qu'être belle, ça ne suffit pas dans la vie pour être, ça peut être précaire, hélas.
3)Le milieu révolutionnaire (propre à l'histoire mexicaine qu'il faudrait mieux connaître).
El chivo est le héros de cette histoire : utopiste marié et père d'une petite-fille de deux ans, quand il a décidé de devenir un révolutionnaire actif et donc un terroriste. Il a fini par être arrêté par un flic , a fait des années de prison et est devenu S.D.F. à sa sortie. Le flic a eu pitié de lui, lui a payé un appart et l'emploie de temps en temps pour tuer des gens, ce qu'il fait. Toute sa vie, El Chivo ne cesse de penser à sa fille qui pense qu'il est mort (c'est lui qui a dit à sa femme de lui dire cela) et faute de pouvoir donner son amour à sa fille, le donne à sa ribambelle de chiens de la rue qu'il a recueillis chez lui. Il se trouve que lors de la course-poursuite évoquée plus haut, le chien d'Octavio se retrouve sur son chemin, à demi-mort. Il le recueille et le soigne, mais celui-ci, entraîné à tuer ses frères les canidés, va...enfin, vous verrez. Bref, cela provoque une prise de conscience énorme à El Chivo qui va réagir différemment par rapport à son dernier contrat. Toute une réflexion sur « l'homme est un loup pour l'homme. »
Conclusion : un film qui vous tend du début à la fin, tragiquement humain, triste et désespéré.
Où est le beau ? Il y a du beau. Il y a du beau dans les rêves d'un jeune homme qui a envie de se sortir de son milieu de merde et fait tout pour s'en sortir. Il y a du beau et pas seulement du risible et du pathétique, dans l'amour sincère qu'éprouve le mannequin pour son chien, elle aime vraiment son chien. Il y a du beau dans les regrets del Chivo à n'avoir pas vu sa fille grandir et à vouloir la connaître, maintenant que sa femme est morte. Il y a de l'espoir dans la 3ème histoire si ce n'est cette fin énigmatique pour moi que je suis pas sûre d'avoir comprise.

Pourquoi ce film ?
Ma cousine Valérie m'a offert "Babel" pour mes 29 ans, ça m'a donné envie de voir un autre film d'Iñarritu.

lundi 19 avril 2010

GROS-CÂLIN d'Emile Ajar (Romain Gary) 1974

Un livre émouvant, drôle et pathétique sur la solitude parisienne d'un homme qui cherche quelqu'un à aimer à Paris et comble son manque d'affection par la compagnie d'un python.

« Or s’il est une chose, justement, qui ouvre des horizons, c’est l’ignorance. Lorsque je regarde Gros-Câlin, je le vois lourd de possibilités à cause de mon ignorance, de l’incompréhension qui me saisit à l’idée qu’une telle chose est possible. C’est ça, justement, l’espoir, c’est l’angoisse incompréhensible, avec pressentiments, possibilités d’autre chose, de quelqu’un d’autre, avec sueurs froides. », p.27

« (…) On se rencontre, on ne se rencontre pas. En général, l’homme et la femme qui sont prédestinés ne se rencontrent pas, c’est ce qu’on appelle destin, justement. (…) C’est dans le dictionnaire. Fatum, factotum. On ne peut pas y échapper. (…) La tragédie grecque. Je me demande même parfois si je n’ai pas des origines grecques. C’est toujours quelqu’un d’autre qui rencontre quelqu’un d’autre (…). On dit « la tragédie grecque », mais on ne dit pas « le bonheur grec »", p. 39-40

« Je lui ai dit que j’étais certainement un acte contre nature comme tout ce qui est en souffrance et que j’étais fier de l’être et que quand on respire c’est pour aspirer et qu’aspirer c’est un acte contre nature comme les premiers chrétiens et que la nature j’en avais plein le cul, révérence parler, et que j’avais besoin de tendresse et d’affection et d’amitié et merde »., p. 44

« Ce qui me bouleverse chez les souris, c’est leur côté inexprimable. Elles ont une peut atroce du monde immense qui les entoure et deux yeux pas plus gros que des têtes d’épingles pour l’exprimer. Moi, j’ai des grands écrivains, des génies picturaux et musicaux. », p.49

« Vous souffrez de surplus, dit le père Joseph. D’excédent, si vous préférez. (…) Vous crevez d’amour (…). Vous manquez de résignation chrétienne, dit-il. Il faut savoir accepter. Il y a des choses qui nous échappent et que nous ne pouvons pas comprendre, il faut savoir l’admettre. Ça s’appelle l’humilité. (…) Vous savez, il y a des enfants qui crèvent de faim dans le monde, dit-il. Vous devriez y penser de temps en temps. Ça vous fera du bien. » (…) Je suis rentré chez moi, je me suis couché et j’ai regardé le plafond. J’avais tellement besoin d’une étreinte amicale que j’ai failli me pendre. », p.51

« Je me sentais bien, j’éprouvais une sorte d’euphorie et de prologomène, mot dont je ne connais pas le sens et que j’emploie toujours lorsque je veux exprimer ma confiance dans l’inconnu. », p.62

« Ainsi qu’on l’a remarqué sans cesse dans ce texte, il y a dix millions d’usagés dans la région parisienne et on les sent bien, qui ne sont pas là, mais moi, j’ai parfois l’impression qu’ils sont cent millions qui ne sont pas là, et c’est l’angoisse, une telle quantité d’absence. J’en attrape des sueurs d’inexistence (…). » p.63

« Vous savez dans l’agglomération parisienne, il faut quelqu’un à aimer… Quelqu'un à aimer...Il faut être con, quand même, pour dire ça à une jeune femme. », p.64

« Et ma température est, aussi étrange que cela puisse paraître, 36°6, alors que je sens quelque chose comme 5° au-dessous de zéro. Je pense que ce manque de chaleur pourra être remédié un jour par la découverte de nouvelles sources d’énergies indépendantes des Arabes, et que la science ayant réponse à tout, il suffira de se brancher sur une prise de courant pour se sentir aimé », p.67-68.

« C’était l’angoisse. Je me sentais complètement libre sans aucun lien de soutien avec personne, une liberté sans dépendance aucune et avec personne à l’appui, qui vous tient prisonnière pieds et poings liés et vous fait dépendre de tout ce qui n’est pas là et vous rend à votre caractère prénatal, avec anticipation de vous-même. », p. 78

« Il n’y a rien de plus vachard, de plus calculé et de plus traître que les pays où l’on a tout pour être heureux. Si on avait ici la famine en Afrique et la sous-alimentation chronique avec dictature militaire, on aurait des excuses, ça dépendrait pas de nous. », p.79

« Je pense que ce curé a raison et que je souffre de surplus américain. Je suis atteint d’excédent. Je pense que c’est en général, et que le monde souffre d’un excès d’amour qu’il n’arrive pas à écouler, ce qui le rend hargneux et compétitif. Il y a le stockage monstrueux qui se deperdissent et se détriorent dans le for intérieur, produit de millénaires d’économies de thésaurisation et de bas de laine affectifs, sans autre tuyau d’échappement que les voies urinaires génitales. », p.80

« L’amour est peut-être la plus belle forme du dialogue que l’homme a inventé pour se répondre à lui-même. », p.94

« C’est nous qui faisons parler le monde, la matière inanimée, c’est ce qu’on appelle la culture, qui fait parler le néant et le silence. », p.94

« Peut-être qu’il entendait une musique intérieure formidable, avec caisses, violons et percussions et il voulait la faire écouter au monde entier dans un but de générosité, mais il faut un public, des amateurs, de l’attention, et des moyens d’expression, les gens n’aiment pas s’habiller et se déranger pour rien. C’est ce qu’on appelle, justement de concert. La musique à l’intérieur est une chose qui a besoin d’aide extérieure, sans quoi elle fait un bruit infernal parce que personne ne l’entend. », p.99

« Ils ont cru que je souffre seulement de manque extérieur, alors que je souffre aussi d’excédent intérieur. Il y a surplus avec absence de débouchés », p.112

« Je sais également qu’il existe des amours réciproques, mais je ne prétends pas au luxe. Quelqu’un à aimer, c’est de première nécessité. », p. 117

« Je souffre simplement d’un surplus américain que je ne parviens pas à écouler sans autre moyen d’expression qu’une discrète publicité clandestine, souriante, dans le genre main tendue », p.128

« Il y a cinquante mille Ethiopiens qui viennent encore de mourir de faim, pour détourner notre attention, je sais, mais ça ne me fait pas de l’effet, je veux dire, je me sens aussi malheureux qu’avant. C’est mon côté monstrueux. », p.131

« Les gens sont malheureux parce qu’ils sont pleins à craquer de bienfaits qu’ils ne peuvent faire pleuvoir sur les autres pour cause de climat, avec sécheresse de l’environnement, chacun ne pense qu’à donner, donner, donner c’est merveilleux, on crève de générosité, voilà. Le plus grand problème d’actualité de tous les temps, c’est ce surplus de générosité et d’amitié qui n’arrive pas à s’écouler normalement par le système de circulation qui nous fait défaut, Dieu sait pourquoi (…). Je porte en moi en quelque sorte des fruits prodigieux invisiblement qui chutent à l’intérieur avec pourrissement (…). ».p.133

« Je ne sais si on mesure suffisamment toute l’importance qu’un événement peut prendre, lorsqu’il risque de ne pas se produire », p.145

« Je ne suis pas du genre qui se suicide, étant sans aucune prétention et toute la mort étant déjà occupée ailleurs. Je n’étais pas intéressant, il n’y en avait pas assez pour un massacre et pour l’intérêt », p.165

« Dès que je me rapproche du néant, je devins en excédent. Dès qu’on se sent de moins en moins, il y a à quoi bon et pourquoi foutre. Il y a poids excessif. », p.197

« Dans une grande ville comme Paris, on ne risque pas de manquer », p.215

 Pourquoi ce livre ?
Parce que je cherche à vider ma bibliothèque des livres non-essentiels à ma vie ou mon travail et que j'ai trouvé celui-ci que je n'avais pas encore lu.
Je l'ai trouvé à la bourse aux livres de la Fête de la Cité je crois et je l'avais pris pour Aurélien parce qu'au dos de couv, y était évoquée la Guyane ; je l'ai offert à Aurélien et lui ai écrit un mot en disant que parce qu'il avait penser à y aller, je le lui offrais ; mais à notre rupture, pensant/sachant qu'il ne le lirait jamais, je l'ai repris. Je pense que j'ai bien fait parce que ça ne parle pas du tout de la Guyane finalement...Mais de Paris, plus que jamais. Je suis contente d'avoir lu ce livre de Romain Gary. C'est un des livres les plus pathétiques que je n'aie jamais lus de ma vie. C'est un livre vraiment triste, et drôle, mais surtout triste. Et si jamais je réussis mon projet de roman, celui-ci m'aura fortement influencé dans ma démarche : s'en souvenir.

dimanche 18 avril 2010

Mon Voisin Totoro (となりのトトロ, Tonari no Totoro), Hayao Miyazaki, 1988.





Mon voisin Totoro, on s’en fout de l’histoire : ce qui compte, ce sont les images omniprésentes de la Nature et le respect qui est imposé par ce film d’animation envers elle. Valeur traditionnelle importante du Japon (rappelons que les  Haïkus traditionnels par exemple doivent faire référence à un élément de la nature). C’est aussi le thème comparatif mode de vie citadine / campagne cher à Miyazaki ; mais aussi la croyance aux esprits surnaturels ou plutôt tout à fait naturels, mais extra-humains.

Bon l’histoire quand même : Un père de famille et ses deux filles emménagent dans leur nouvelle maison de campagne tandis que son épouse est à l’hôpital et on l’imagine, a besoin de l’air pur de la campagne à son retour plutôt que l’air pollué de Tokyo.

Les filles font la rencontre de Totoro (déformation phonétique à la base de la petite du mot « troll » : « tororu » en japonais, merci Wikipédia), un esprit puissant de la forêt. Celui-ci va les faire rêver et les aider.

On a envie de manger des légumes frais et sains sur-le-champ et de faire pousser des arbres géants  (un camphrier dans le film) nous aussi sur son balcon parisien après le visionnage. On respecte la Nature qu’on n’a pas vue depuis longtemps hormis depuis nos dernières vacances, parce que oui, on aime Paris même polluée quand même. 


Pourquoi ce livre ?
Mon amie Barbara P. m'a offert il y a des années le porte-clef "Totoro" pour un de mes anniversaires, en pensant que j'avais bien évidemment vu le film, pas du tout, mais j'ai adoré mon porte-clef, et j'ai enfin vu le film maintenant.