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lundi 29 février 2016

XIXÈME : THE FIGURE IN THE CARPET BY HENRY JAMES (US), 1896.

"Je crois qu'on peut fourrer à peu près la littérature entière sous ce tapis persan. 
La littérature n'est qu'un désir frustré polymorphe de découvrir le Sens de la vie qui n'existe que pour celui qui le cherche".

Résumé : Le narrateur est le héros et c'est un critique littéraire. Il rencontre un grand auteur contemporain qui lui révèle que son œuvre romanesque est une énigme que personne n'a encore comprise à ce jour. Il compare la clef de son œuvre à un motif complexe dans un tapis persan. 
L'ami et collègue du narrateur, Corvick, s'attelle au problème en décortiquant l'œuvre entière de l'auteur à l'aide d'une jeune romancière, Gwendolen, qu'il convoite en tant qu'épouse. Cet ami part en Inde et après quelques mois, envoie un télégramme pour dire qu'il a enfin trouvé l'énigme sans pour autant la révéler par écrit et promet de tout dire à Gwendolen à condition qu'elle l'épouse. Ce qu'elle accepte. Le héros en conclue que ce fameux motif dans le tapis n'est réservé qu'aux amants qui s'unissent. De retour au pays, Corvick rend visite à l'auteur qui décède mystérieusement peu de temps après...Tout juste mariés, Corvick et Gwendolen se promènent en calèche et Corvick meurt dans un accident. Gwendolen refuse de révéler quoi que ce soit au narrateur malgré sa demande (lorsque celui-ci suggère que c'est sans doute parce qu'il s'agit de rien du tout au final, elle s'emporte et dit qu'il s'agit de sa vie). Elle se remarie plus tard avec un autre critique de la même agence. Elle décède de mort naturelle un jour et le narrateur supplie son veuf de lui révéler ENFIN le secret. Or ce dernier affirme n'avoir jamais été mis au courant par son épouse de cette histoire et est visiblement sincère : il ne sait RIEN.

Critique : Je n'ai pas aimé cette nouvelle car elle est beaucoup trop longue à mon goût. Toutefois, il est difficile de ne pas percevoir en elle l'allégorie de la littérature toute entière et d'un désir mortifère en général. Le désir d'avoir ce que l'on n'a pas qui motive des actions ou des pensées invraisemblables, inimaginables. Un désir ardent qui suscite bien des mystères et des tourments inutiles en général. Un désir vain. Une quête impossible. Le mythe d'Orphée et d'Eurydice. Éros et Thanatos. Don Quichotte. Emma Bovary. Voyage au bout de la nuit. Ask the Dust. Les mains sales. Un amore. La perspective Nevski. Etc. Je crois qu'on peut fourrer à peu près la littérature entière sous ce tapis persan. La littérature n'est qu'un désir frustré polymorphe de découvrir le Sens de la vie qui n'existe que pour celui qui le cherche.

Ce qui est atroce, c'est que Gwendolen qui n'était pas du tout intéressée par Corvick avant est prête à se marier avec lui et à coucher avec lui uniquement pour connaître la résolution de cette énigme. C'est moche mais en même temps, elle est décrite comme une vraie littéraire, écrivain(e) elle-même, sincère admiratrice de l'auteur en question. Qui sait ce que j'aurais été prête à faire moi-même si on m'avait dit que je n'avais rien compris à l'œuvre de Céline et qu'il y avait un sens caché qui m'avait totalement échappé ?

Il est difficile naturellement de ne pas douter de l'existence même de cette résolution. Gwendolen n'aurait-elle pas plutôt tué Corvick, folle de rage d'apprendre qu'il n'avait en fait strictement rien à lui dire ? Henry James a bien évidemment fait exprès de faire douter sérieusement le lecteur à ce sujet du début à la fin. 

La vie, c'est une prise de position entre la Foi en quelque chose (le secret d'un grand écrivain ici, l'Amour ou Dieu pour d'autres) et...RIEN. À partir de ce postulat et cette prise de position, il faut vivre et agir, jusqu'au bout.

Cette lecture allégorique donne une autre dimension à cette nouvelle, beaucoup plus intéressante que l'histoire elle-même. Et voilà, on est dans la mise en abyme de nouveau...puisque c'est exactement ce qu'a dit le grand auteur au héros dès le début : il faut lire derrière les lignes quelque chose qui dépasse l'œuvre elle-même, il faut comprendre quelque chose de supérieur.

Malgré tout, je continue de trouver que l'histoire choisie pour porter cette belle allégorie est trop longue...La vie est-elle trop longue ? Quelle sera mon histoire personnelle à moi pour découvrir the Figure in the Carpet of Life ? Mon histoire personnelle sera-t-elle trop longue pour pas grand chose au final également ? L'absence totale de sens, de lumière, en d'autres termes : l'absurde et la mort ?

Je pense être bien partie sur cette épouvantable voie : bientôt NEUF ANS que je suis à la quête de "l'Amour" en ayant investi mes plus belles émotions en des Dulcinées masculines toutes aussi grotesques les unes que les autres, avec du recul. La différence majeure, c'est que je n'ai pas écrit de chef d'œuvre à ce sujet ni même de nouvelle qui ferait gloser les critiques du monde entier (comme c'est le cas de cette nouvelle par exemple).

J'espère bien sûr "un jour" être à la hauteur d'Henry James que j'admire beaucoup pour ses techniques narratives j'ai eu la chance d'étudier à Paris III dans le cadre d'études cinématographiques à partir de son roman le Tour d'Écrou (1898).

Rappel : Henry James est né aux États-Unis mais il a ensuite beaucoup voyagé (il a vécu un an dans le quartier latin à Paris) et a passé les deux-tiers de sa vie en Angleterre où il a fini sa vie d'où ma tendance à toujours croire qu'il est britannique.


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